Repérer et traiter une infection au VIH dans les quatre premières semaines pourrait permettre de mieux contrôler le virus. Un traitement antirétroviral a obtenu des bons résultats publiés dans la revue scientifique britannique Nature Communication jeudi 11 janvier. Cette étude «renforce l’intérêt du dépistage précoce et de la prise en charge le plus tôt possible des personnes» ayant contracté le VIH, souligne dans un communiqué ce mardi l’Institut Pasteur, où travaillent les auteurs Caroline Passaes et Asier Sáez-Cirión.
Des études précédentes avaient montré la possibilité d’une rémission durable pour des personnes vivant avec le VIH et ayant bénéficié d’un traitement entamé précocement et maintenu plusieurs années. A l’interruption de leur traitement antirétroviral, elles ont été capables de «contrôler» le virus pendant parfois plus de vingt ans. Les chercheurs avaient alors émis l’hypothèse qu’un traitement démarré précocement pourrait favoriser ce contrôle viral, mais cela restait à démontrer.
Dans cette nouvelle étude, les scientifiques ont effectué leurs recherches sur des singes répartis en trois groupes. Un groupe avait reçu deux ans de traitement qui avait démarré peu de temps après l’infection (en phase aiguë), un autre deux ans de traitement qui avait démarré plusieurs mois après l’infection (en phase chronique), un groupe qui n’avait pas reçu de traitement. Il en ressort que le traitement précoce mis en place dans les quatre semaines suivant l’infection «favorise très fortement le contrôle viral après interruption du traitement».
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«Notre étude indique l’existence d’une fenêtre d’opportunité pour favoriser la rémission de l’infection par le VIH», a commenté Asier Sáez-Cirión, responsable de l’unité Réservoirs viraux et contrôle immunitaire à l’Institut Pasteur. Autre enseignement : le traitement précoce maintenu deux ans optimise le développement des cellules immunitaires. «Elles acquièrent une mémoire efficace contre le virus, pour l’éliminer naturellement lors du rebond viral après arrêt du traitement», selon Asier Sáez-Cirión.
«Un début de traitement six mois après l’infection – délai qui montre une perte d’efficacité selon notre étude – est déjà considéré comme très court par rapport à ce qui se passe en clinique actuellement, où la plupart des personnes avec VIH démarrent leur traitement des années après l’infection à cause du dépistage trop tardif», a souligné Roger Le Grand, directeur de l’infrastructure Idmit (Infectious Diseases Models for Innovative Therapies) et coauteur de l’étude.