Le «nouveau patient de Berlin» a 60 ans et alimente l’espoir d’un traitement contre l’une des épidémies les plus meurtrières qui concerne 38 millions de personnes à travers le monde. Quinze ans après son diagnostic, six après une greffe de moelle osseuse, il est probablement guéri du VIH : il n’a, en tout cas, plus de charge virale détectable dans son organisme, décrit une recherche diffusée ce jeudi 18 juillet. Si les chercheurs ne peuvent pas être «absolument certains» que toute trace de virus a été éliminée, «le cas de ce patient est très évocateur d’une guérison du VIH», a prudemment affirmé le médecin à l’hôpital de la Charité à Berlin Christian Gaebler, où ce patient est traité. Leur travail sera présenté lors de la 25e conférence internationale sur le sida, qui doit se tenir à Munich du 22 au 26 juillet.
Le sexagénaire allemand, qui souhaite rester anonyme, tient son surnom en référence au premier «patient de Berlin» : Timothy Ray Brown, première personne déclarée guérie du VIH en 2008, et morte d’un cancer en 2020. Comme tous les cas de rémission jusqu’à présent, ce nouveau patient a reçu une greffe de moelle osseuse pour soigner sa leucémie en 2015. Il a cessé son traitement antirétroviral fin 2018. Et est aujourd’hui «enthousiaste à l’idée de contribuer à nos efforts de recherche», souligne encore Christian Gaebler. Pour la présidente de la Société internationale du Sida aussi, Sharon Lewin, cet Allemand «serait proche» d’être considéré comme guéri.
Mutation protectrice
Autre élément encourageant : son cas diffère d’autres rémissions de long terme. Comme tous les patients déclarés guéris – hormis un –, il a reçu des cellules souches de donneurs de moelle présentant une mutation rare d’un gène, dit CCR5, connue pour empêcher l’entrée du VIH dans les cellules. Une telle greffe permet de renouveler en profondeur le système immunitaire – celui-là même qui est attaqué par le VIH : les cellules immunitaires du patient sont remplacées par celles du donneur, et ainsi la majorité des cellules infectées disparaissent.
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Jusqu’à présent, la quasi-totalité des autres patients guéris avaient hérité de deux copies du gène muté : le «nouveau patient de Berlin» est le premier à avoir reçu des cellules souches d’un donneur n’ayant hérité que d’une seule copie de ce gène (c’est-à-dire qu’un de ses parents, et non les deux, en était porteur). Comme cette configuration est beaucoup plus courante, ce nouveau cas fait espérer un plus grand nombre de donneurs potentiels. Rappelons que moins de 1 % de la population générale porte cette fameuse mutation protectrice : il est très rare qu’un donneur de moelle compatible l’ait. C’est en cela que le «patient genevois», autre cas de guérison du VIH révélé en 2023, avait particulièrement fait parler de lui : son donneur ne présentait aucune mutation de ce gène.
Si ces cas nourrissent l’espoir de venir un jour à bout du VIH, il convient de garder la tête froide : la greffe de moelle osseuse reste une intervention très lourde et risquée. Inenvisageable, donc, pour la majorité des porteurs du virus.