Le «bang», sourd et lourd, a été entendu jusqu’à 80 kilomètres à la ronde. Vendredi 21 septembre 2001, à 10 h 17, l’explosion dans le hangar 221 de l’usine d’AZF (pour «AZote Fertilisants») d’un stock de plusieurs centaines de tonnes de nitrate d’ammonium, destiné à la production d’engrais, a ravagé la ville de Toulouse. Trente-et une personnes sont mortes et 2 500 autres ont été blessés ce matin-là. La détonation a vaporisé le complexe chimique, creusant un immense cratère. Installé depuis les années 1920, le site industriel de 70 hectares, seulement séparé de la ville par le périphérique, était connu de tous dans la région.
Mais plus encore que les dégâts matériels colossaux, cette déflagration a marqué dans leur chair et leur esprit de nombreux témoins du drame. Riverains, salariés de l’usine, pompiers ou encore soignants, ils racontent à Libération comment ils ont vécu l’un des plus graves accidents industriels de l’histoire française.
«Je n’ai jamais revu autant de victimes»
Frédéric, 41 ans, sapeur-pompier volontaire en 2001
«Sapeur-pompier volontaire depuis six mois, j’étais en train de participer à une formation de secourisme au travail à l’aéroport de Blagnac. On simulait une situation où un employé se blesse en passant la main à travers une vitre. Sauf qu’on n’a pas eu le temps de fini