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Libération
Journal d'un système de santé en crise

Viols sous soumission chimique : il faut en parler aux victimes potentielles mais aussi aux soignants

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Journal d'épidémie, par Christian Lehmanndossier
Christian Lehmann est médecin et écrivain. Pour «Libération», il tient la chronique d’une société touchée par les crises sanitaires et du service public. Aujourd’hui, une médecin généraliste qui forme ses futurs collègues sur les cas de soumissions chimiques et de violences sexuelles aborde les difficultés à repérer ces traumatismes.
Gisèle Pelicot, victime de violences sexuelles sous soumission chimique pendant dix ans, à l'ouverture du procès le 2 septembre. (Arnold Jerocki/Libération)
publié le 9 septembre 2024 à 16h07

L’affaire de Mazan impose à la société et à la médecine un examen de conscience. Avant de l’aborder, il m’a semblé indispensable de répondre au souhait clairement exprimé par la principale victime, Gisèle Pelicot : refusant le huis clos, «pas pour moi, mais pour toutes celles qui pourront être victimes, pour celles qui le matin se réveilleront avec des absences, des souffrances gynécologiques, elles repenseront à mon témoignage».

La soumission chimique est le fait de faire consommer une substance psychoactive à une personne à son insu pour lui faire faire des choses qu’elle refuserait en pleine conscience. Dans la majorité des cas, le but est l’agression sexuelle. Mais on peut aussi soumettre chimiquement quelqu’un pour le voler, pour «avoir la paix», pour lui faire prendre des décisions contre son consentement.

Zoé, 33 ans, est médecin généraliste et assistante universitaire de médecine générale dans une faculté de médecine où elle forme ses futurs collègues. Elle éclaire cette affaire.

«On pense toujours en premier à la drogue glissée dans un verre au bar. Pourtant, comme pour toutes les violences sexuelles, c’est à l’intérieur même du foyer qu’elle est le plus souvent utilisée pour commettre des incestes et des viols conjugaux. Elle se renco