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Crise

Sciences-Po Paris : une manifestation pro-palestinienne interdite par la préfecture de police

L’institution dit ce jeudi 14 mars avoir pris cette décision «dans un contexte de fortes tensions», l’établissement étant en proie à une polémique suscitée par des propos rapportés par une étudiante membre de l’Union des étudiants juifs de France.

L'entrée de Sciences-Po Paris, dans le VIIe arrondissement de la capitale, mercredi 13 mars. (Emmanuel Dunand/AFP)
Publié le 14/03/2024 à 14h08

Et une rasade supplémentaire d’huile sur le feu. Dans la foulée de la polémique sur la mobilisation pour la Palestine à Sciences-Po Paris et des accusations d’antisémitisme, la préfecture de police parisienne annonce ce jeudi 14 mars interdire une manifestation du même ordre initialement prévue dans la soirée. Une décision prise par le préfet Laurent Nunez en raison du «contexte de fortes tensions» entourant le prestigieux établissement de la rue Saint-Guillaume.

Le collectif Urgence Palestine, groupement d’associations et syndicats à l’origine de manifestations régulières en soutien à la population de Gaza, était à l’initiative de cette nouvelle mobilisation. Il a appelé à un «rassemblement» jeudi en soirée devant Sciences-Po Paris. «Dénoncer le génocide n’est pas un crime», a-t-il insisté dans un message publié ce jeudi matin sur X (ex-Twitter).

Mardi, une étudiante membre de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) a rapporté s’être vue refuser l’entrée dans un amphi de Sciences-Po Paris, à l’occasion d’une «journée de mobilisation universitaire européenne pour la Palestine» bloquant la tenue d’un cours magistral. Selon la direction de l’institution, cette étudiante a «été empêchée d’accéder à l’amphithéâtre» où se tenait l’action. «Des propos accusatoires ont été prononcés [à la tribune] à l’encontre» de l’association étudiante juive, a ajouté l’établissement sur X.

L’UEJF a dénoncé des propos antisionistes à l’égard de cette étudiante. La polémique a trouvé un écho jusque dans le gouvernement : le Premier ministre Gabriel Attal a assuré mercredi qu’il allait saisir la justice. Plus tard dans la soirée, l’école a annoncé avoir saisi le procureur de la République.

«Comportement»

De son côté, le comité Palestine de Science-Po réfute ces accusations. Contactée par Libération, l’étudiante en question dit ne pas avoir entendu les propos au cœur de la polémique, que plusieurs témoins confirment toutefois. Les organisateurs, eux, reconnaissent que l’étudiante de l’UEJF s’est bien vue refuser l’accès à l’amphithéâtre, mais «en raison de son comportement».

Des membres des Jeunes insoumis de Sciences-Po Paris disant avoir été «présents à cet événement», assurent pour leur part dans une publication sur X ce jeudi midi qu’«aucun étudiant n’a été empêché d’entrer en raison de sa religion».

De quoi pousser Jean-Luc Mélenchon à déclarer sur le même réseau social que «l’incident […] n’a pas eu lieu». Et le chef des insoumis de s’en prendre à Gabriel Attal : «Le Premier ministre devrait s’occuper de gouverner au lieu de faire le CPE de Sciences-Po et de relayer les campagnes de fake de l’extrême droite».