«Il n’est que temps de prendre conscience de tout ce que la France doit aux homosexuels comme à tous ses autres citoyens dans tant de domaines.» Cette phrase aujourd’hui célèbre a été prononcée à la tribune de l’Assemblée nationale le 27 juillet 1982 par Robert Badinter, ministre de la Justice mort ce jeudi 9 février, lors du débat qui a précédé l’abrogation d’une loi discriminatoire héritée de Vichy, qui fixait la majorité sexuelle à 18 ans pour les homosexuels contre 15 ans pour les hétérosexuels. Alex Taylor, journaliste européen (il tient à cette étiquette), était à l’époque un jeune Anglais installé à Paris pour perfectionner son français. Il raconte comment les mots du ministre ont bouleversé sa vie.
"Il est grand temps que la France reconnaisse ce qu'elle doit aux homosexuels"
— Alex Taylor (@AlexTaylorNews) February 9, 2024
1982, Robert Badinter, Garde des Sceaux, plaide pour la dépénalisation de l'homosexualité
Je venais d'arriver. C'est l'une des raisons pour lesquelles je sus resté
Badinter, le courage politique pic.twitter.com/6wk6g3SYTA
«C’était incroyable»
«J’ai grandi en Cornouailles, j’étais un garçon pas comme les autres et j’ai passé mon enfance et mon adolescence à cacher qui j’étais. Je n’avais même pas de mots pour l’exprimer. L’homosexualité était un délit au Royaume-Uni jusqu’en 1967 : deux hommes adultes qui faisaient l’amour étaient passibles de prison. J’ai rapidement compris que je devais partir, et qu’apprendre les langues m’aiderait à y parvenir.
«Je suis arrivé à Paris en 1981, et c’était le jour et la nuit en comparaison avec la Grande-Bretagne. J’ai rapidement travaillé à Fréquence Gaie, la première radio homosexuelle dans le monde. Entendre Robert Badint