Au cimetière de Montmartre, sa tombe est presque toujours fleurie. Jusqu’en 2008, l’année de sa mort, Jean-Daniel Cadinot réalise des films qui marquent plusieurs générations : Les Hommes préfèrent les hommes, Techno boys, Tentations de Sodome… «Cadinot est immanquablement associé au mot pornographie. Il incarne presque à lui seul le X gay français. Mais lui-même s’en défend, car il y a là comme un quiproquo», estime Julien Gomez-Estienne, historien de l’art, conservateur du musée de La Seyne-sur-Mer. Pour lui, le travail de Cadinot n’est pas celui d’un pornocrate. C’est avant tout celui d’un photographe, spécialisé dans les images ultra-léchées faites en studio. Beaucoup de ces images ont d’ailleurs été détruites. Celles qui existent encore pourraient bientôt disparaître. Raison pour laquelle Julien Gomez-Estienne consacre un livre à leur sauvegarde. Intitulé Sous l’objectif de Jean-Daniel Cadinot, l’ouvrage exhume une centaine de clichés réalisés par Cadinot tout au long de sa vie.
L’artiste cultive le secret. On en sait peu sur lui. Né en 1944 dans le quartier de la butte Montmartre, il découvre son homosexualité très jeune. Ses parents sont tailleurs. Enfant, il habille mais surtout déshabille des poupées. A l’âge de 12 ans, il avoue ses désirs dans un confessionnal puis s’enfuit, car le prêtre lui demande son prénom d’une voix troublée. Le clergé s’adonnerait-il à la pra