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Christine Jorgensen, naissance d’un mythe trans

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En 1952, une belle blonde fait la une des journaux aux Etats-Unis : Christine Jorgensen, ex-militaire, est l’une des premières femmes trans qui survit à son opération, les médias en font «la première femme trans» tout court. Emerge alors l’idée que les personnes trans ne peuvent pas exister sans les «innovations» chirurgicales.
Christine Jorgensen en février 1953. (New York Daily News Archive/Getty Images)
publié le 16 décembre 2023 à 10h00

Que signifie être trans ? Etre opéré ? Activiste des droits trans, l’artiste britannique Juliet Jacques questionne ce mythe persistant dans un texte sensible et touchant intitulé «Vers un roman trans-réaliste». Ce texte inédit lui a été spécialement commandé, de même qu’à treize autres auteurs, pour enrichir le catalogue d’une exposition qui avait fait grand bruit cette année à Genève : «Chrysalide, le rêve du papillon». Dans le catalogue Chrysalide (tout juste publié aux éditions LENZ), l’écrivaine et réalisatrice trans Juliet Jacques demande : «Pourquoi Christine Jorgensen fut-elle la première femme transsexuelle internationalement connue ?»

Jeune et jolie : tout pour plaire aux médias

Christine était apparue, le 1er décembre 1952, en couverture du New York Daily News sous le titre «Un ancien G.I. devient une ravissante blonde». Ce scoop déclencha une tornade médiatique telle qu’un an plus tard, Christine Jorgensen faisait encore les gros titres. La fascination venait en partie du fait qu’elle était jeune et photogénique. Quelques semaines après que son histoire a été révélée au grand public, elle signa un contrat avec le célèbre magazine American Weekly afin de raconter sa vie. Les lecteurs apprirent qu’elle était née en 1926 sous le nom de George William. Elle avait grandi au sein de la communauté des immigrés danois du Bronx. Enfant, elle préférait jouer à la poupée. Adolescente, elle