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«Les 400 culs»

Christine : la sainte «volage» du Moyen Age

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Après une expérience de mort vers l’âge de 12 ans, Christine devient la sainte la plus «libre» de la fin du XIIe siècle. Elle virevolte au sommet des arbres pour fuir l’odeur atroce des humains : ils puent la semence, dit-elle.
Angel, 1901-2, charcoal and wax crayon on paper, by Ramon Casas, 1866-1932, in Casa Rocamora, the Isabelline mansion of art collector Manuel Rocamora y Vidal, where he lived from 1935, on the Carrer de Ballester in El Putxet, Barcelona, Catalonia, Spain. The house is open to the public, managed by the Fundacion Rocamora, and houses the private collection of Manuel Rocamora y Vidal, 1892-1976, including Modernist art, figureheads and ceramics. Picture by Manuel Cohen (Photo by Manuel Cohen / Manuel Cohen / Manuel Cohen via AFP) (MANUEL COHEN/Manuel Cohen via AFP)
publié le 20 novembre 2021 à 9h42

En 1182 ans de notre ère, près de Liège, une pré-adolescente meurt puis ressuscite au milieu de la cérémonie funéraire. En pleine messe, sortant de son état cadavérique, la jeune Christine s’envole littéralement dans les poutres de l’église tandis que l’assistance s’éparpille en hurlant d’effroi. Un prêtre courageux finit par ramener le calme. Christine revient sur le plancher des vaches, accepte de bon cœur le repas qu’on lui offre, puis – ravigotée – raconte qu’elle a fait un voyage au pays des morts. Après quoi, provoquant la stupeur, elle accomplit des séries de prodiges parfaitement incongrus. Dans un ouvrage intitulé Christine l’admirable (aux éditions Vues de l’esprit), l’historien Sylvain Piron essaye de résoudre le mystère de ses agissements : pourquoi grimpait-elle aux arbres ? Cela avait-il un rapport avec la haine de cette odeur qu’elle ne supportait plus : celle du sexe ?

L’enquête s’appuie sur un manuscrit rédigé environ cinquante ans après la mort de Christine. Ce récit de vie, dont l’historien fournit une traduction complète, se lit comme un roman gothique. C’est pourtant le fruit d’une enquête minutieuse, menée sur le terrain. Son auteur, Thomas de Cantimpré, a rencontré trois témoins de première main, dont il rapporte les souvenirs avec exactitude. Bien que les propos rapportés lui paraissent tout aussi bizarres qu’à nous, lecteurs du XXIe siècle, Thomas de