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«Les 400 culs»

Clown au bord de la crise de nerfs

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Au printemps 1981, aux Etats-Unis, d’inquiétantes rumeurs se répandent au sujet de clowns violeurs, cannibales et pédophiles. Dans «Clowns maléfiques», le chercheur Antonio Dominguez Leiva fait l’autopsie de ce fantasme cruel.
(Darrell Dolge / EyeEm/Getty Images)
publié le 20 juin 2021 à 3h35

Les premiers sont vus aux abords des écoles de Brookline, dans le Massachusetts, aux Etats-Unis. Certains sont armés de machette. D’autres offriraient des bonbons aux enfants pour les attirer. La rumeur enfle, se propage dans d’autres villes – à Boston, Chicago et West Orange, Newark et San Pedro Sula, où des signalements similaires se multiplient.

Des clowns fantômes ? Des hallucinations ? La police n’attrape personne mais les «témoins» se multiplient. Certains affirment que «la tendre viande enfantine» est utilisée par les clowns pour garnir des sandwiches «tandis que le sang servirait de sauce aux framboises pour les crèmes glacées». Version moderne des contes style Hansel et Gretel, la légende urbaine s’enracine dans le sillage folklorique du joueur de flûte de Hamelin. Elle réactualise les histoires à faire peur de gitans qui kidnappent les enfants et de saltimbanques qui mutilent leurs petites victimes pour les transformer en monstres de foire. Dans ce fantasme collectif, la proie et le prédateur finissent d’ailleurs par ne faire qu’un, à l’image du Joker (dans la série Batman) dont la bouche fendue évoque celle du héros défiguré de l’Homme qui rit de Victor Hugo. Sa face exhibe un rire glaçant, celle d’un être clivé, à la fois meurtri et meurtrier.

Ainsi que le démontre Antonio Dominguez Leiva,