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Les 400 culs

De quoi rêvent les poupées érotiques ?

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Projeté pour la première fois à la galerie Analix Forever, en Suisse, un film d’animation réalisé par la Polonaise Agata Wieczorek a pour héroïne une «love doll», poupée de silicone à taille humaine.
Tout le long du film énigmatique, l’action se déroule dans une sorte de temps figé. (Agata Wieczorek)
publié le 3 décembre 2022 à 9h22

Allongée sur un lit défait, une poupée fixe le plafond. Elle soupire puis caresse la soie de sa nuisette. Que fait-elle dans cette pièce, toute seule ? Sans titre, ni générique de début ou de fin, le film de huit minutes et douze secondes a pour décor une chambre à coucher, en huis clos. «Il s’agit de ma propre chambre, raconte Agata Wieczorek. J’étais en résidence à l’école d’art du Fresnoy et comme il n’y avait aucun studio disponible pour un projet en stop motion, j’ai dû faire le tournage chez moi. C’était en 2021. Les huit minutes du film m’ont demandé quatorze heures de travail par jour, pendant cinq semaines.» Agata Wieczorek est perfectionniste. Polonaise, née en 1992, elle grandit en regardant son père, un artiste spécialisé dans les très exigeantes techniques de taille-douce, disposer avec précision les plaques de métal gravées dans des bains d’acide puis les essuyer sans fin. «J’aimais cette discipline, explique-t-elle. Grandissant dans l’atelier de mon père, j’ai développé ce goût pour des matières froides, inanimées, qu’on frotte jusqu’à ce qu’elles prennent vie.»

Son père vient de décéder. «Un accident…» Les larmes aux yeux, Agata Wieczorek, raconte son amour des objets inertes qu’il suffit de caresser, minutieusement, pour les rendre sensibles. Rien n’est mort, suggère-t-elle. Rien ne peut mourir qui ne puisse être ressuscité si on le caresse. «Les love dolls, tout le monde p