Ce sont deux unes qui ont presque 17 ans d’écart, une petite génération. Au couple 100 % masculin de Pierre et Gilles mis en couverture par Libé le 22 juin 1996, au matin de la 15e gay pride, répond un autre couple des mêmes artistes, le 23 avril 2013, jour de l’adoption à l’Assemblée du projet de loi ouvrant le mariage à tous. L’esthétique kitsch est toujours la même, mais là où, en 1996, l’un des deux mariés portait une robe blanche, ceux de 2013 arborent deux costumes.

De mariage, en 1996, il n’était pourtant pas question. La 15e gay pride ne réclamait «que» la reconnaissance légale de l’union homosexuelle. Une revendication particulière pour Libé, parmi tous les combats que le journal a porté pour les droits des LGBT. Dans l’esprit du journal, il ne s’agissait pas d’un «appel exclusif à la normalisation homosexuelle, encore moins d’un manifeste pour une homosexualité présentable et discrète parce que soudainement “familialisée”, expliquait alors Gérard Lefort dans l’éditorial du jour, mais simplement que dans les cas de conjugalité objective, les droits des homos, concernant notamment l’héritage ou les assurances, soient respectés au même titre que ceux des hétéros». Evidemment, c’est le sida qui a mis le sujet au premier plan : combien de concubins interdits de visites à l’hôpital ou chassés d’un appartement pour cause d’un droit de la famille o