Menu
Libération
Mobilisation

Face à «l’offensive transphobe», un appel à manifester en France dimanche 5 mai

LGBT +dossier
Plus de 800 collectifs et personnalités politiques, artistiques, militantes et intellectuelles appellent à défiler à la fin de la semaine. Ils dénoncent les atteintes contre les droits des personnes trans et veulent défendre le droit à disposer librement de son corps.
Une manifestation en défense des droits des personnes trans, à Londres le 20 avril 2024. (WIktor Szymanowicz/NurPhoto. AFP)
publié le 30 avril 2024 à 17h16

Pour défendre le droit à disposer librement de son corps, rendez-vous dans la rue dimanche 5 mai. Plus de 800 collectifs et personnalités du monde de l’art, de la politique, mais aussi des militants et intellectuels, ont lancé un appel ce mardi 30 avril pour une grande manifestation «partout en France» à la fin de semaine. Dans leur viseur : la proposition de loi des sénateurs du parti Les Républicains (LR) sur la transidentification, ainsi que, plus largement, le contexte ambiant hostile aux personnes trans avec notamment la sortie du live Transmania.

Parmi les signataires figurent notamment les écrivaines Annie Ernaux et Vanessa Springora, l’actrice Andréa Bescond, le chanteur Bilal Hassani, les associations Act Up Paris, le Strass, le Planning familial ou encore les élues de gauche Mélanie Vogel et Clémentine Autain.

«La proposition de loi des sénateurs du parti Les Républicains contre les mineurs trans coïncide avec la sortie d’un livre haineux, Transmania, promu par l’ensemble de l’extrême droite politique», dénoncent dans une tribune publiée mardi sur le site internet de l’hebdomadaire Politis ceux qui appellent à une manifestation. «Les réactionnaires cherchent à installer dans le débat public l’idée que les personnes trans sont un danger : pour les enfants, pour la société et pour elles-mêmes», ajoute le texte.

L’un des objets de l’alerte émise par les signataires est un rapport sur la transidentification des mineurs rédigé en interne au groupe LR au Sénat et publié mi-mars. Le rapport préconise entre autres d’interdire l’administration de bloqueurs de puberté aux mineurs à qui l’on diagnostique une «dysphorie de genre» (le sentiment d’une inadéquation entre le genre ressenti et celui de naissance). Cette mesure figure dans une proposition de loi qui sera examinée en séance publique le 28 mai. «Leurs premières cibles sont les mineurs, mais ils ne s’arrêteront pas là. Le rapport des LR pose déjà la possibilité d’interdire toute transition pour les personnes majeures de moins de 25 ans, une mesure en phase avec les projets de loi en discussion ou déjà adoptés aux États-Unis. Leur logique revient en fin de compte à interdire toute possibilité de transition, qu’importe l’âge», écrivent les signataires.

La publication du livre «Transmania» dans le viseur

Les auteurs de la tribune dénoncent également la publication et la promotion du livre Transmania, qui se présente comme une «enquête sur les dérives de l’identité transgenre». Interpellé par la mairie de Paris, l’opérateur JCDecaux a procédé au retrait des affiches qui en faisaient la promotion dans les rues de la capitale, les jugeant contraires à sa charte de déontologie et a présenté ses excuses.

Dans l’ouvrage, les deux autrices, Dora Moutot et Marguerite Stern, «connues pour leurs déboires transphobes», propagent «une nouvelle fois leur discours de haine», affirme Emmanuel Grégoire dans la lettre communiquée à l’opérateur. Les deux autrices se sont fait connaître, dans le mouvement féministe, pour leurs critiques répétées des transitions de genre, qui leur valent plusieurs plaintes.

Le sénateur communiste de Paris Ian Brossat a par ailleurs demandé ce mardi au préfet de police de Paris l’interdiction d’une conférence sur ce livre, prévue pour le lundi 6 mai à l’université Panthéon-Assas à l’initiative du syndicat La Cocarde étudiante. Les universités «ne doivent pas servir de plateformes pour des discours haineux qui déforment la réalité et stigmatisent les personnes trans, en les associant à des idéologies nuisibles», a-t-il affirmé dans un communiqué. L’une des co-auteures de «Transmania», Dora Moutot, lui a rétorqué sur X qu’il «n’y a pas de transphobie dans ce livre», dénonçant une «censure».

Au-delà de l’appel à manifester le 5 mai, les signataires de la tribune réclament une «transition dépsychiatrisée, libre et gratuite pour les personnes majeures et mineures». Ils demandent également un «accès à la PMA pour toutes les personnes trans», «l’arrêt des mutilations sur les enfants intersexes» et des «moyens massifs» pour les services publics afin «d’assurer l’accès réel à l’IVG, aux transitions et à la contraception.»