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Discriminations

Forte hausse des actes anti-LGBT+ en 2023 selon le ministère de l’intérieur

LGBT +dossier
Selon une étude du service statistique de la place Beauvau, publiée ce jeudi 16 mai, les infractions contre les lesbiennes, gay, bi et trans ont progressé de 13 % l’année dernière. La plupart des victimes et des agresseurs sont des hommes.
La Marche des Fiertés à Lyon, en France, le 6 juin 2023. (Elsa Biyick /Hans Lucas. AFP)
publié le 16 mai 2024 à 11h31

Après l’association SOS Homophobie, mercredi, c’est au tour du ministère de l’Intérieur de dresser un constat alarmant des atteintes envers les personnes LGBT +. Ces faits ont augmenté de 13 % en 2023 en France par rapport à 2022, avec même un bond de 19 % pour les crimes et délits enregistrés par la police et la gendarmerie, selon une étude du service statistique de Beauvau, publiée ce jeudi 16 mai. Des chiffres publiés à la veille de la journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie.

Au total, 4 560 infractions contre les lesbiennes, gay, bi et trans ont été enregistrées en France l’an passé : 2 870 crimes ou délits et 1 690 contraventions (qui sont à 94 % liées à des injures). Les crimes et délits (diffamation, agressions, menaces, harcèlement, etc.), déjà en hausse de 13 % en 2022, bondissent de 19 %, tandis que les contraventions, qui avaient baissé de 9 %, progressent cette fois de 4 %. Depuis 2016, ce type d’actes a fortement augmenté : +17 % en moyenne par an pour les crimes et délits et +10 % pour les contraventions.

Si l’étude fait état d’une «libération de la parole et [de] l’amélioration des conditions d’accueil» des victimes par la police et la gendarmerie, elle précise que seules 20 % des victimes LGBT + portent plainte en cas de menaces ou violences, et seules 5 % en cas d’injure (selon une enquête réalisée sur la période 2012-2018).

Un tiers (34 %) des crimes et délits anti-LGBT + relevés en 2023 sont des injures ou de la diffamation. Les atteintes aux personnes pèsent, elles, pour 19 % du total, tout comme les menaces (19 %). Le harcèlement (5 %) est plus rare, tout comme les atteintes à caractère sexuel, même si ces dernières progressent (8 % du total, contre 2 % en 2022). Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, les infractions sont davantage commises dans les agglomérations de plus de 200 000 habitants, notamment à Paris. A 28 %, les crimes et délits anti-LGBT + sont commis dans les rues et voies publiques, à 19 % dans le cadre résidentiel et à 8 % dans un établissement scolaire.

Une forte proportion d’hommes dans les victimes et dans les agresseurs

Plus de 70 % des victimes de ces crimes ou délits sont des hommes, et 49 % ont moins de 30 ans, dont 7 % moins de 15 ans. De leur côté, les mis en cause sont principalement des hommes (82 %). Un fait également souligné par SOS Homophobie, qui dénonce en particulier le phénomène croissant des guets-apens tendus notamment via des applications de rencontre.

«On a l’impression que les braises de la LGBTIphobie sont allumées et que le feu est prêt à prendre. 2024 est une année qui nous préoccupe particulièrement», soulignait mercredi la présidente de SOS Homophobie, Julia Torlet, en présentant le bilan annuel de l’ONG. «On risque de se retrouver dans une situation de violences comme celle de 2012-2013» si «le gouvernement ne réagit pas», a-t-elle alerté, en faisant référence à la période très tendue ayant entouré l’adoption du mariage homosexuel.