Après un an et demi de pandémie et de frustrations, Libération dresse les portraits de celles et ceux qui réinventent notre sexualité et notre rapport au corps.
Adossé au mur aubergine, sous des voûtes qui dateraient du XIVe siècle, il pourrait parler de ce lieu des heures durant. Avec une malice certaine, le voilà qui jongle entre la croix de saint André jalousement gardée au deuxième sous-sol – mobilier de bondage hérité du précédent propriétaire – et la proximité inattendue avec l’église Saint-Gervais, à deux pas. «Pendant le confinement, en faisant des travaux la porte ouverte, on pouvait même entendre les vêpres», s’amuse le volubile patron des lieux, tandis que notre regard se fixe sur une farandole de fouets soigneusement disposés en rang d’oignons près d’un grand lit beige, lové dans une alcôve au fond de cet étage réservé au personnel. Il faut dire que cet endroit, il en a rêvé longtemps. En fait, presque depuis toujours. «Client du milieu» de longue date, Guillaume Deunf, 53 ans, a fini par envoyer bouler ses vingt-cinq ans de carrière dans l’informatique pour réaliser son rêve il y a bientôt deux ans : ouvrir un bar restaurant libertin en plein cœur du Marais, à Paris. Son établissement, appelé «le Secret», se veut plus moderne et plus accessible (environ cinq fois moins cher) que les institutions du genre, à l’image des célèbres Chandelles. Moins intimidant, peut-être, notamment pour ceux qu’il appelle les «primo-libert