Fondateur en 1990 de la revue mythique Chacal Puant, créateur de la maison d’édition United Dead Artists, Stéphane Blanquet fait proliférer ses images mentales sous des formes foisonnantes : dessin, marionnettes, installations, spectacle vivant et scénographie, sculpture, édition indépendante, art urbain, cinéma d’animation, musique… Organiques et orgiaques, ses images répètent sans fin l’obsession d’être en vie, c’est-à-dire dévoré d’envies. Il traduit cette torture en métaphores souvent végétales : à la Halle Saint-Pierre, qu’il a pour l’occasion transformée en parc d’attractions fatales, des bouquets de seins et des guirlandes de glottes et de glandes accueillent le visiteur de leurs couleurs pimpantes. Des polypes ramifiés en globes oculaires jaillissent de jambes coupées. Des machines à supplicier transforment les corps en fontaines de vie. «Le sujet est le corps, explique Stéphane Blanquet. Le corps dans tous ses états. Malmené, étiré, broyé, transformé, accouplé. Chimériquement, tout est possible. Fascination pour le corps depuis toujours. Je suis invalide à 90 %. Alors le corps est à 90 % le centre de mon univers.»
«Le reste est superficiel»
Stéphane Blanquet a ce qu’il appelle «une maladie dégénérante» qu’il associe volontiers avec l’idée d’«art dégénéré». «Les muscles s’endorment. Il me reste les principaux. Finalement on s’en sort très bi