«Pogonophile vient du grec, pôgôn “barbe” et philos “qui aime”.» Bien qu’il ne soit pas vraiment pogonophile, le photographe Marc Martin dédie aux barbes un ouvrage conçu comme un strip-tease facial. Intitulé Beau Menteur (1), l’album s’intéresse au «rôle du poil dans les apparences trompeuses qui symbolisent la masculinité». Fruit de trois ans de collaboration, l’album dévoile – sous ses multiples et parfois déroutantes facettes – la séduction d’un modèle photo, Benjamin, au gré de ses métamorphoses pileuses. Portant tour à tour une barbe de trois mois, la moustache, une perruque blonde ou le menton mal rasé des malfrats, Benjamin joue avec ses poils une étonnante partie de cache-cache. L’enjeu du livre (c’est toute sa force) est de questionner l’investissement symbolique dont l’homme charge son visage : «Je ne montre pas l’homme à barbe sous toutes les coutures (ce serait rasoir !) mais plutôt ce que cette barbe, à fleur de peau, lui permet de dissimuler.» Ainsi que Marc Martin l’explique, il serait en effet naïf de considérer la barbe comme un simple marqueur de masculinité.
Les 400 culs
La barbe, «apanage du sexe fort» ?
C’est la journée internationale de la barbe ce samedi. Occasion rêvée pour le photographe Marc Martin de publier un album pogonophile, à rebrousse-poil des normes de genre.
Benjamin, extrait de «Beau Menteur» du photographe Marc Martin. (Marc Martin)
ParAgnès Giard
Publié le 04/09/2021 à 8h12
Enquête Libé
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