Dans les années 1970 au Brésil, en pleine révolution sexuelle, une femme entre dans l’avant-garde puis signe de la prose érotique parce qu’elle en a assez d’être célèbre mais pauvre. Native de Jaú, fille d’un artiste schizophrène, Hilda Hilst (1930-2004) est une des plus grandes écrivaines de l’histoire de la langue portugaise au XXe siècle. Mais ses livres ne se vendent pas. Trop expérimentaux, trop singuliers… Trop fous peut-être. Après trente ans d’une production ininterrompue de romans, de poèmes et de pièces qui raflent pratiquement tous les prix littéraires du Brésil, Hilda Hilst tente un dernier coup : pourquoi ne pas écrire des choses cochonnes ? Elle vient d’apprendre qu’une Française, Régine Deforges, a gagné des millions de dollars avec un best-seller intitulé la Bicyclette bleue. «Tout à coup, j’ai eu envie de m’amuser, dit-elle dans un entretien accordé en 1999 aux Cahiers de littérature brésilienne. Les gens ne me lisaient pas. Alors j’ai essayé d’écrire quelque chose qui leur donnerait envie. Mais ça n’a pas marché.»
Tentant de faire de la pornographie, Hilda Hilst produit tout d’abord un roman (l’Obscène Madame D) dont l’héroïne est une femme qui a mangé Dieu. A la croisée du cantique et du cadavre exquis, son œuvre suivante, Contes sarcastiques (Fragments érotiques), n’obtient pas plus de succès en librairie mais lui vaut une renommée int