La ligne est définitivement franchie. Après avoir attaqué les droits des personnes transgenres au mois de juin, le gouvernement russe s’en prend une bonne fois pour toutes à la communauté LGBT +. Ce vendredi 17 novembre, le ministère russe de la Justice a indiqué avoir demandé l’interdiction pour «extrémisme» du «mouvement de société international LGBT» et qu’une audience en ce sens est prévue dès le 30 novembre à la Cour suprême russe.
«Le ministère de la Justice a déposé une demande administrative auprès de la Cour suprême […] afin de classer comme extrémiste le mouvement de société international LGBT et d’interdire ses activités sur le territoire de la fédération de Russie», peut-on y lire. Le court communiqué du ministère ne précise pas s’il vise une ou plusieurs organisations spécifiques, ou bien le mouvement de défense des droits des identités de genre et orientations sexuelles minoritaires d’une manière générale.
A lire aussi
Depuis l’attaque en Ukraine, les autorités russes ont multiplié les mesures conservatrices contre les LGBT +, en disant vouloir éliminer des comportements qu’ils jugent importés d’Occident. Ce recul en matière de droits humains sert également, selon la Russie, à défendre les enfants face à des personnes jugées «déviantes» et à préserver les supposées valeurs culturelles et familiales du pays.
«Le pouvoir russe oublie une nouvelle fois que la communauté LGBT +, ce sont des gens, des citoyens de ce pays comme les autres. Et maintenant ils ne veulent pas seulement nous faire disparaître de l’espace public, mais nous interdire en tant que groupe social», a réagi Dilia Gafourova, la directrice du fonds «Sphere», une association de défense des droits LGBT + en Russie. «C’est une mesure typique des régimes répressifs et non démocratiques : persécuter les plus vulnérables», a-t-elle poursuivi, promettant de «se battre» pour les droits des LGBT + en Russie.
Après avoir été un temps ouverts à accorder davantage de droits aux LGBT + à la chute de l’URSS, le pays a fini par faire volte-face ces dernières années. Depuis 2013, une loi interdit déjà dans le pays la «propagande» de «relations sexuelles non traditionnelles». En décembre, l’application de cette loi a été considérablement élargie. Elle bannit désormais la «propagande» LGBT + auprès de tous les publics, alors qu’elle ne concernait auparavant que les mineurs. SI la Russie souhaitait déjà faire disparaître les LGBT + des imaginaires, elle compte désormais nier l’existence de personnes bien réelles.