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Haine

Le nombre de signalements de délits et crimes visant des personnes LGBT+ en France a triplé depuis 2016

Plus de 3 000 actes ont été recensés l’an dernier par l’Observatoire des inégalités, qui pointe notamment les «discours de rejet de l’homosexualité» sur les réseaux. Cette hausse peut aussi en partie s’expliquer par une meilleure reconnaissance des actes anti-LGBT +.

A Paris le 28 juin 2025. (Estelle Ruiz/Hans Lucas. AFP)
Publié le 10/10/2025 à 16h27

Pour près de neuf Français sur dix, l’homosexualité est «une manière comme une autre de vivre sa sexualité», relevait un sondage IFOP en juin 2019. Un chiffre encourageant pour la lutte contre les LGBT phobies, qui ne se reflète malheureusement pas dans les données des crimes et délits anti-LGBT + recensées par la justice en 2024, et compilées dans un rapport publié jeudi 9 octobre par l’Observatoire des inégalités.

Avec 3 055 signalements au cours de l’année écoulée recensés par la police et la gendarmerie, contre près de 1 000 en 2016, les actes anti-LGBT + sont en nette augmentation.

Cette forte hausse des cas enregistrés par les forces de l’ordre ne traduit pas uniquement une augmentation des agressions envers les personnes LGBT +. Elle «peut résulter du dépôt plus fréquent de plaintes et de leur inscription comme acte anti-LGBT par les forces de police, ainsi que de l’évolution de la qualification juridique de certaines infractions», tient à nuancer l’Observatoire des inégalités.

Mais selon les enquêtes menées par l’Observatoire des inégalités, seules 20 % des victimes de menaces ou de violences anti-LGBT déclarent avoir porté plainte, et même seulement 5 % pour les injures. L’organisme souligne qu’une «grande partie des actes ne sont pas déclarés car ils sont très difficiles à prouver, notamment ceux qui se jouent entre proches, dans l’intimité du cadre familial».

Les 18-29 ans sont les plus touchés

«Il faudra confirmer ces données dans le temps, mais l’ampleur de cette augmentation a de quoi inquiéter», précise tout de même le rapport, qui pointe la propagation rapide des «discours de rejet de l’homosexualité» sur les réseaux sociaux.

Les victimes d’actes anti-LGBT sont dans l’immense majorité des hommes (72 %), et bien plus souvent des jeunes, selon les données 2024 du ministère de l’Intérieur. 36 % des victimes de crimes ou délits à caractère homophobe ou transphobe ont ainsi entre 18 et 29 ans, tandis que seuls 5 % ont plus de 60 ans.

Les infractions le plus souvent citées sont majoritairement verbales, pour des faits d’injures dans 32 % des cas, et de menaces pour 19 % des faits. Les agressions graves se placent pourtant en deuxième position des signalements à la justice, avec 21 % des faits selon les chiffres du ministère de l’Intérieur en 2024.