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L’Empire des sens, version Versailles

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De François Boucher, l’histoire retient d’admirables «portraits de fesses». Il est perçu comme un peintre frivole. Une exposition lui est consacrée qui insiste sur «l’audace et l’originalité, voire l’extrême licence» de ses inventions picturales.
François Boucher (1703-1770), «l’Odalisque brune», 1745. (Tony Querrec / RMN-GP)
publié le 12 juin 2021 à 13h46

A l’occasion du deux cent cinquantième anniversaire de la mort de François Boucher (1703-1770), le Musée Cognacq-Jay à Paris (IIIe arrondissement) «explore le thème de l’amour dans sa forme la plus licencieuse» et invite les spectateurs à redécouvrir un artiste qui fut à la fois le plus consacré et conspué de son temps. Premier peintre du roi Louis XV en 1765 et protégé de sa favorite (la marquise de Pompadour), François Boucher est recherché par toutes les cours d’Europe. Les plus grands amateurs aspirent à orner leurs demeures de ses pastorales galantes. Mais l’homme fait jaser. Alors même qu’il cumule les honneurs, il se fait traîner dans la boue par de fort méchantes langues. On le soupçonne par exemple de peindre Vénus et la Vierge en s’inspirant de prostituées. On le suspecte aussi de dénuder sa propre épouse pour en faire des croquis. Diderot, féroce, l’accuse d’avoir prostitué sa femme en faisant d’elle un tableau (L’Odalisque brune) qui montre «une femme toute nue étendue sur des oreillers, jambes deçà, jambes delà.»

Effectivement, le tableau existe : allongée sur le ventre, cuisses écartées, une jeune femme s’y exhibe sans pudeur. Réalisée dans le plus grand secret, à l’attention d’un commanditaire proche des m