En histoire de la philosophie, le concept de femme est souvent traité, mais sur un mode dépréciatif. Pour Aristote, le principe mâle est ainsi dit «meilleur et plus divin» que le principe femelle. Quant à Platon, il a beau proposer que les cités se dotent de reines, sa pensée reste misogyne : une bonne reine est une reine qui se conduit en roi. Jusqu’au XVIe siècle, les penseurs occidentaux estiment que la femme est différente, c’est-à-dire moins bien. Ils retiennent aussi cette idée (empruntée à Aristote) que les organes génitaux féminins sont pareils que ceux de l’homme, mais disposés à l’envers. Pour le dire plus clairement : le vagin étant un pénis – retourné à l’intérieur – qui n’a pas eu le temps de faire son coming out, cela fait de la femme une sorte de reflet en négatif de l’homme. Elle ne saurait devenir son égale qu’à condition… de ne plus être femme.
L’homme est chaud…
Arrive Descartes (1596-1650). Bien qu’il ne fasse pas de la femme un sujet d’étude singulier, ses recherches constituent la matrice d’une extraordinaire révolution. Il est le premier à réellement valoriser les femmes, explique la chercheuse Marie-Frédérique Pellegrin, de l’université de Lyon-III, qui lui consacre un ouvrage complexe intitulé Pensées du corps et différences des sexes à l’époque moderne (1).
Tout commence par la théorie des humeurs, dit-elle. Depuis l’antiquité, les Occi