Les premières conséquences de la décision transphobe de la Cour suprême du Royaume-Uni n’ont pas tardé. «A partir du 1er juin 2025», les femmes transgenres ne pourront plus prendre part aux compétitions féminines de football en Angleterre, a annoncé ce jeudi 1er mai la Fédération anglaise de football (FA).
Jusqu’ici, selon les règles de la fédération, les femmes transgenres étaient autorisées à pratiquer à condition de présenter un taux de testostérone suffisamment bas. Ce qui, en tout, correspondait à une vingtaine de personnes sur les 2,5 millions de licenciées que compte le pays.
Décryptage
«Les femmes transgenres ne pourront plus jouer au football féminin en Angleterre»
«En tant qu’instance dirigeante du football national, notre rôle est de rendre le football accessible au plus grand nombre, dans le respect de la législation et de la politique internationale du football définies par l’UEFA et la Fifa, a écrit la fédération dans un communiqué. Notre politique actuelle, qui autorise les femmes transgenres à participer au football féminin, reposait sur ce principe et s’appuyait sur des conseils juridiques d’experts. Il s’agit d’un sujet complexe, et notre position a toujours été que si un changement important intervenait dans la législation, la science ou le fonctionnement de la politique dans le football amateur, nous la réexaminerions et la modifierions si nécessaire. L’arrêt de la Cour suprême du 16 avril signifie que nous allons modifier notre politique. Les femmes transgenres ne pourront plus jouer au football féminin en Angleterre, et cette politique entrera en vigueur le 1er juin 2025.»
Il y a quelques jours, la fédération écossaise de football avait pris une décision similaire, elle aussi motivée par la mise en application de cette décision de la Cour suprême du Royaume-Uni qui, le 16 avril, a fondé la définition légale d’une femme sur le sexe biologique.
«Si nous étions vraiment un problème, on jouerait toutes en Women’s Super League»
Dans une interview au magazine spécialisé SoFoot, publiée ce jeudi matin, Fae Fulconis, une joueuse du club londonien Hackney Women’s FC, en sixième division anglaise, s’alarmait de la «loi et [du] climat politique» dans son pays. «L’argumentaire diffusé consiste à dire qu’une femme trans est automatiquement plus forte qu’une femme. Les gens pensent que les femmes trans viennent voler les espaces des “vraies” femmes, déplore la jeune femme. Si nous, les femmes trans, étions vraiment un problème, on ne serait pas 20 sur 2,5 millions de pratiquantes de foot au Royaume-Uni. Et on jouerait toutes en Women’s Super League. Il n’y a pas une seule femme trans au-delà de la troisième division ! Si on était vraiment là pour piquer les places et tout gagner, pourquoi est-ce qu’on ne serait pas toutes à Chelsea ?»
«Nous comprenons que cela va être difficile pour les personnes qui souhaitent simplement pratiquer le sport qu’elles aiment dans le genre auquel elles s’identifient, a ajouté la fédération dans son communiqué. Nous sommes en train de contacter les femmes transgenres licenciées actuellement pour leur expliquer ces changements et comment elles peuvent continuer à pratiquer ce sport.»
Débunkage
For Women Scotland, le groupe «terf» (pour «trans-exclusionary radical feminist», en français : féministes radicales excluant les trans) à l’origine du procès qui a débouché sur la décision de la Cour suprême, s’est immédiatement félicité de la décision de la fédération anglaise. L’obsession de cette organisation pour interdire l’accès des femmes trans aux compétitions sportives féminines est à la racine de son combat contre l’inclusion. «[Ces personnes] ne s’intéressent au sport féminin que quand il s’agit d’attaquer les femmes trans», s’était émue il y a quelques jours auprès de Libération Anaïs Perrin-Prévelle, présidente de l’association féministe OUTrans.