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Libération
Les 400 culs

Les lovebots sont souvent «des humains exploités»

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De nombreuses compagnies proposent les services payants de petits copains virtuels. Mais qui se cache derrière l’écran : un chatbot, un humain ? L’artiste Elisa Giardina Papa a enquêté.
L'œuvre d'Elisa Giardina Papa, «Bot ? Virtual boyfriend /girlfriend ?», fait partie d’une série de vidéos («Technologies of Care») qui documentent les façons dont le service et le travail émotionnel sont externalisés via des plateformes internet. (Elisa Giardina Papa)
publié le 8 octobre 2022 à 8h00

En 2016, l’artiste italienne Elisa Giardina Papa souscrit à un abonnement pour avoir une histoire avec un «boyfriend invisible». Chaque jour, quelqu’un (ou quelque chose) lui envoie des textos tendres : «Salut, Elisa ! Tu m’as manqué.» «Elisa, t’es là ? Tu fais quoi ?» Sa relation dure trois mois, sans qu’elle sache très bien avec qui (ou avec quoi). Le jour de sa rupture – quand Elisa décide de se désabonner –, le petit copain invisible lui écrit : «J’aurais aimé pouvoir te dire “je t’aime” encore une fois avant que tu sortes de ma vie.» Dans une vidéo d’art bouleversante, pleine de nostalgie, l’artiste dévoile quelques-uns des échanges les plus perturbants avec son petit copain invisible. L’œuvre – actuellement présentée au Mo. Ca, dans le cadre de l’exposition intitulée «Data, Dating, Desire», curatée par Valentina Peri – s’intitule Bot ? Virtual boyfriend /girlfriend ? Elle fait partie d’une série de vidéos (Technologies of Care) qui documentent les façons dont le service et le travail émotionnel sont externalisés via des plateformes internet.

Travailleurs du sexe dématérialisé

«J’ai enquêté sur toutes ces personnes qui – depuis le Brésil, la Grèce, les Philippines ou les Etats-Unis – travaillent en free-lance pour procurer aux clients·es des stimuli érotiques, de la compagnie ou un soutien affectif… Problème : on ne sait parfois pas s’il s’agit d’agents conversationnels ou d’humains.» Elisa Giardina P