Un soir que Raffaël Enault regarde des vidéos sur YouTube, par ennui, un extrait de Tout le monde en parle, le talk-show de Thierry Ardisson (sur France 2) attire son attention : Guillaume Dustan y apparaît, une perruque sur la tête. «Son visage a quelque chose de tendre et de tragique à la fois. […] C’est le samedi 18 septembre 1999. Guillaume Dustan vient de recevoir le prix de Flore pour son roman Nicolas Pages.» Ardisson le présente comme l’«agitateur gay numéro un» et «sans doute le dernier écrivain maudit». Après quoi, l’entretien commence. «Vous êtes séropositif», lance Thierry Ardisson. Guillaume Dustan répond sobrement : «Quel malheur.» Curieux, Raffaël Enault va sur Wikipédia, note que Dustan (de son vrai nom William Baranès) est mort d’une «intoxication médicamenteuse involontaire», qu’il a écrit quelques livres, fomenté quelques scandales et qu’au fond personne ne sait grand-chose de cet homme en dépit des milliers de pages publiés à la première personne.
Notre portrait de Dustan, en 2001
Raffaël Enault décide d’écrire sa biographie. Il y a de quoi s’y casser les dents. Les proches de Dustan protègent fidèlement sa mémoire. Mais il parvient à les convaincre, parce qu’il partage peut-êt