La répression à l’encontre des minorités s’intensifie en Hongrie. Le Parlement hongrois a adopté à une large majorité, ce mardi 18 mars, un projet de loi visant à interdire la Budapest Pride, la populaire marche des fiertés du pays, célébrée dans les rues de la capitale depuis trente ans. Des députés appartenant à la coalition pro-Orbán au pouvoir avaient soumis ce texte à leur hémicycle, lundi, avec la quasi-certitude de le voir adopté, étant donné qu’ils disposent d’une majorité des deux tiers. Le projet de loi autorise également les autorités à utiliser un logiciel de reconnaissance faciale pour identifier les personnes qui assisteraient à l’événement, afin de les sanctionner – la participation à la Pride de Budapest est désormais passible d’une amende pouvant aller jusqu’à 200 000 forints hongrois (environ 500 euros).
Dans la soirée, la Commissaire européenne à l’Egalité s’en est prise mardi à cette loi hongroise, affirmant le «droit fondamental» de réunion pacifique dans l’UE. «Nous sommes aux côtés de la communauté LGBTQI – en Hongrie et dans tous les Etats membres», a posté Hadja Lahbib sur X. «Le droit de se réunir pacifiquement est un droit fondamental qui doit être défendu dans toute l’Union européenne», a-t-elle ajouté.
Dans un discours prononcé en février, le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, avait laissé entendre que son gouvernement prendrait des mesures pour interdire la marche des fiertés de Budapest. Les organisateurs de l’événement avaient alors dénoncé une restriction des libertés fondamentales d’expression et de réunion. La manifestation attire chaque année des milliers de personnes et célèbre l’histoire du mouvement LGBT +, tout en affirmant l’égalité des droits de la communauté gay, lesbienne, bisexuelle et transgenre.
Offensives lgbtphobes
Mais les députés de cette coalition, qui siègent avec l’extrême droite au Parlement européen, considèrent comme un délit le fait d’organiser ou d’assister à cette marche, en ce qu’elle enfreindrait la précédente législation hongroise controversée sur la «protection de l’enfance». Cette dernière, adoptée en 2021, interdit en effet la «représentation ou la promotion» de l’homosexualité auprès des mineurs. Que ce soit dans les contenus accessibles aux moins de 18 ans – notamment à la télévision, dans les films, les publicités et la littérature –, mais aussi dans les programmes d’éducation scolaire, en supprimant la mention des questions LGBT +, ainsi que l’interdiction dans la représentation publique du «genre déviant du sexe à la naissance».
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Le gouvernement se présente comme le champion des valeurs familiales traditionnelles et le défenseur de la civilisation chrétienne face à ce qu’il appelle la «folie du genre», et affirme que ses politiques sont conçues pour protéger les enfants de la «propagande sexuelle». Cette proposition est ainsi la dernière mesure en date prise par Viktor Orbán à l’encontre des personnes LGBT +. Son gouvernement a précédemment adopté des lois répressives à l’égard des minorités sexuelles, condamnées par les associations de défense des droits de l’homme et d’autres responsables politiques européens. En 2021, le Premier ministre néerlandais avait affirmé que la Hongrie n’avait «plus rien à faire dans l’UE» en raison de ses attaques contre les personnes LGBT +. L’Union européenne avait même annoncé, au même moment, le déclenchement d’une procédure d’infraction contre Budapest pour sa loi discriminatoire.
Mis à jour le mardi 18 mars avec l’adoption du texte au parlement hongrois ; à 21 h 40, avec la réaction de l’UE.