«Jouir de sa bagnole.» L’expression peut paraître excessive, et pourtant. Ainsi que Gaëtan Mangin l’explique dans un article publié par la revue d’anthropologie Terrain, l’automobile est un «objet de séduction» particulièrement attirant. Au volant de leur voiture, certains hommes éprouvent des joies si vives qu’elles confinent à la décharge. «Leur relation est passionnée, c’est le moins qu’on puisse dire», souligne le chercheur, qui insiste sur l’aspect irrationnel de l’attachement aux véhicules. «Il faut rompre avec l’idée qu’anthropologiquement l’humain serait déterminé à faire des choix uniquement à partir d’une balance coût-bénéfice.» Dans le cas de l’automobile, par exemple, c’est criant : les conducteurs choisissent rarement une voiture vertueuse. «Si tel était le cas, alors en province on roulerait tous en Dacia, et madame Hidalgo serait bien tranquille car il n’y aurait déjà presque plus de voiture dans Paris.»
Avec humour, Gaëtan Mangin souligne que dans la gamme des engins érotiques, les plus ardemment prisées sont les voitures de collection (c’est-à-dire ayant plus de 20 ans). Celles-là sont véritablement des «outils de plaisir», bien plus que des instruments pour se déplacer. Pourquoi ? Parce qu’elles sont vécues comme dangereuses. Contrairement aux voitures modernes, les anciennes sont dépourv