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Polémique

Marche des fiertés : l’affiche vivement critiquée pour ses «couleurs palestiniennes» et une «incitation à la violence», l’InterLGBT dénonce des «contresens grossiers»

Sur le visuel de la marche annuelle en défense des droits des personnes LGBT +, prévue le 28 juin, figurent les couleurs du drapeau palestinien. L’association organisatrice affirme qu’il s’agit des couleurs de la Hongrie et de la Bulgarie où ces manifestations sont menacées d’interdiction.
L'affiche annonçant la marche des fiertés à Paris le 28 juin a suscité une vive polémique. (DR)
publié le 5 juin 2025 à 19h34

Sur l’affiche de la marche des fiertés parisienne prévue le 28 juin, des personnages de toutes les couleurs. L’un d’eux porte le voile, une pancarte «Contre l’internationale réactionnaire» entre les doigts. Autour d’elle, un triangle rose sur un t-shirt, symbole cousu par les nazis sur les uniformes des détenus gays dans les camps. Puis une femme arborant une veste recouverte de pin’s, dont l’un avec le drapeau palestinien, sac sur l’épaule rouge, vert et blanc. Devant eux, un personnage en noir et blanc mis KO. C’est cette image qui a suscité l’indignation d’une association juive, ainsi que des élus de droite et d’extrême droite, ce jeudi 5 juin. Ils fustigent la présence de «couleurs palestiniennes» et une «incitation à la violence».

Le groupe juif gay et lesbien de France, Beit Haverim, dénonce pour sa part des «choix de communication irréfléchis» à même de déclencher «des débordements ou des actes d’hostilité». En cause : l’inclusion des couleurs du drapeau palestinien «sur un pin’s et sur un sac», ce qu’il voit comme «une instrumentalisation politique qui engage l’ensemble des structures sans leur consentement explicite».

Sauf que les couleurs choisies pour le sac sont en fait celles des drapeaux de la Hongrie et de la Bulgarie, où les marches des fiertés sont actuellement menacées d’interdiction. Les pin’s, quant à eux, «représentent la convergence des luttes à laquelle l’InterLGBT est attachée», précise l’InterLGBT face à cette polémique, dénonçant des «contresens grossiers».

Dans ce visuel, «l’artiste a voulu représenter des personnes queers unies face à une internationale réactionnaire qui tue des personnes LGBT, les empêche de s’exprimer, restreint leur droit à exister, à s’aimer et à s’autodéterminer», souligne l’association.

Retrait de subvention

Malgré tout, les explications de l’InterLGBT n’empêchent pas la droite et l’extrême droite de déverser leurs critiques sur les réseaux sociaux. Sur X, la présidente LR d’Ile-de-France Valérie Pécresse dénonce une affiche incitant «à la violence avec son cadavre renversé» et annonce avoir demandé le «retrait» du logo de la région et la suspension de la subvention régionale. Du côté du RN, le vice-président Sébastien Chenu écrit : «Femme voilée, homme blanc martyrisé et caricaturé en facho, soutien à la Palestine, alors que les homos, bis et trans y sont massacrés… voilà les marqueurs d’extrémistes.»

Demande de «retrait immédiat»

«Ce n’est rien d’autre que de l’incitation à la violence, cette affiche montre l’extrême gauchisation des associations organisatrices. Si l’objectif est de diviser, c’est réussi», commente encore l’entourage du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.

L’association FLAG !, créée par des policiers et fonctionnaires de justice LGBT et associée à l’organisation de la marche, s’est «désolidarisée totalement de cette affiche» dont elle a demandé le «retrait immédiat». La RATP a également annoncé avoir arrêté son partenariat avec l’InterLGBT «suite à la publication de l’affiche sans aucune autorisation et validation du contenu de notre part».

Les mouvements LGBT + à travers le monde sont régulièrement ciblés par des attaques venues principalement de mouvances de droite et d’extrême droite. En 2024, le mot d’ordre de l’événement était la lutte contre la montée du Rassemblement national, en pleines élections législatives anticipées.