Les photos les plus célèbres de Hugh Hefner le montrent en peignoir et pantoufles, entouré de «bunny girls». Difficile de l’imaginer autrement «puisque, selon ses biographes, il a vécu plus de quarante ans sans jamais sortir de chez lui, sauf occasions exceptionnelles et toujours à bord de son jet privé Big Bunny – un DC-9 équipé d’une piste de danse, d’un lit rotatif et de thermes romains – pour aller de sa résidence de Chicago à celle d’Hollywood». Dans un essai intitulé Pornotopie, Playboy et l’invention de la sexualité multimédia (Seuil), le philosophe Paul B. Preciado (1) ressuscite l’univers du «Manoir» dans lequel Hefner invite des amis et organise des fêtes qui sont filmées sous tous les angles puis diffusées sur les ondes.
Quelle révolution à double tranchant se cache derrière ce show qui marque l’invention de la téléréalité ? D’abord publié en espagnol, Pornotopie date de 2010. Traduit en français dès 2011 (éditions Climats), il vient tout juste d’être réédité aux éditions du Seuil avec une postface inédite de l’auteur qui souligne l’étonnante actualité de cette analyse. Il y a plus de dix-sept ans, quand Preciado s’intéresse à Playboy, il prophétise l’avènement d’un monde où des gens préfèrent rester chez eux que sortir.
Pourquoi sortir de chez soi…
A l’ère du confinement et du télétravail, Hugh Hefner prend les allures inquiétantes d’un précu