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Libération
«Ces gens-là»

Plusieurs associations LGBT réclament la démission de la ministre Caroline Cayeux

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Après les propos homophobes de la ministre déléguée aux Collectivités territoriales, dix-sept associations exigent son départ, ainsi que ceux des ministres Christophe Béchu, Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu.
Caroline Cayeux à Paris, le 4 juillet 2022. (Sameer Al-Doumy/AFP)
publié le 23 juillet 2022 à 15h56

Pour les associations LGBT, les propos de Caroline Cayeux ne passent toujours pas. Dix-sept organisations, parmi lesquelles Inter-LGBT, Grey Pride, Bi’cause et Séropotes, ont appelé vendredi à la démission de la nouvelle ministre déléguée en charge des Collectivités territoriales, dans leur viseur depuis son intervention polémique sur le mariage homosexuel, le 12 juillet. Invitée ce jour-là à commenter un discours qu’elle avait prononcé en 2013, où elle déclarait que l’union entre personnes de même sexe était un «dessein contre la nature», l’ancienne maire de Beauvais avait affirmé «maintenir évidemment» ses déclarations. Et de s’enfoncer encore davantage dans la controverse : «Je dois vous dire quand même que j’ai beaucoup d’amis parmi ces gens-là. Franchement, c’est un mauvais procès qu’on me fait et ça m’a beaucoup contrariée.»

«Il n’est pas acceptable que près de dix ans après le vote d’une loi ouvrant un droit à toutes et à tous, un membre du gouvernement puisse, en toute tranquillité, réitérer des propos profondément discriminatoires», écrivent les associations dans une lettre adressée à la Première ministre Elisabeth Borne et publiée sur les réseaux sociaux. «Nous n’acceptons pas les excuses de Madame Cayeux», poursuivent-elles, après s’être inquiétées des «conséquences délétères que [les paroles de la ministre déléguée] ont et auront dans les prochaines semaines». Les signataires expliquent recevoir depuis dix jours «un flot quasi ininterrompu de messages de haine ou de relativisme de l’homophobie du quotidien».

Béchu, Darmanin et Lecornu également visés

Caroline Cayeux n’est pas seule visée par les organisations LGBT à l’origine de l’initiative. Celles-ci réclament aussi les départs de trois autres membres du gouvernement : le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, accusé d’avoir fait enlever en 2016, à l’époque où il était maire d’Angers, des affiches de promotion de la santé sexuelle représentant des couples homosexuels en train de s’embrasser, qu’il avait qualifiées de «provocantes» ; ainsi que les ministres de l’Intérieur et des Armées, Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu, jugés trop proches des positions de la «Manif pour tous». «Nous souhaitons pouvoir croire en la sincérité de vos engagements» en matière de droits des personnes LGBT, insistent les associations.

Le gouvernement d’Elisabeth Borne est sous pression sur ce terrain depuis l’apparition de la polémique. Dès le 13 juillet, sept organisations LGBT ont annoncé porter plainte contre Caroline Cayeux pour injure publique envers un groupe de personnes en raison de leur orientation sexuelle par une personne dépositaire de l’autorité publique. Mais l’exécutif maintient pour le moment sa confiance en l’ancienne sénatrice de droite, et appelle à «passer à autre chose», à l’image du porte-parole du gouvernement Olivier Véran. Et d’Emmanuel Macron qui selon un indiscret du Canard Enchaîné aurait enjoint ses troupes à ne pas «tirer sur une ambulance». Une position qui ne convient pas à tout le monde : le 14 juillet, le ministre des Transports Clément Beaune avait marqué sa différence en évoquant des «propos blessants», ajoutant : «Je fais partie de ces gens-là.»