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Libération
Discriminations

Rugby : un dirigeant de la section féminine du Stade français accusé de propos lesbophobes et sexistes

Le directeur sportif du club parisien est mis en cause par plusieurs joueuses et une dirigeante, dans une enquête de «Mediapart» parue vendredi 16 mai.
Le Stade français face à l'équipe de Clermont, le 8 mars 2025 au stade Jean-Bouin, à Paris. (Icon Sport/Icon Sport)
publié le 16 mai 2025 à 18h49

Un comportement misogyne et homophobe à la tête d’un des plus célèbres clubs de rugby français. Le directeur sportif de la section féminine du Stade français est visé par des accusations de propos lesbophobes et sexistes, révèle ce vendredi 16 mai Mediapart. Le média en ligne s’est entretenu avec douze joueuses, ex-joueuses et membres de l’association, dont une dirigeante, qui dit avoir déposé plainte en mars.

Laura, la plaignante de 27 ans citée dans l’enquête de nos confrères, évoque des «propos dérangeants, homophobes et sexistes». Joueuse dans le club parisien durant une saison en 2022-2023, elle a ensuite intégré l’encadrement au moment où le directeur sportif a pris ses fonctions au sein de l’association qui gère les catégories de jeunes et féminines du Stade français, en parallèle de la structure professionnelle masculine évoluant en Top 14.

Elle explique notamment avoir subi pendant plusieurs mois des remarques comme : «C’est dommage que tu sois une bouffeuse de chatte, comme tes coéquipières.» La jeune femme raconte avoir subi «une énième humiliation» lors des vacances de la Toussaint, à l’automne dernier, ce qui l’a alors poussée à faire un signalement à la Fédération française de rugby (FFR) en décembre, démarche dont elle a informé le bureau exécutif du Stade français. La FFR a confirmé à l’AFP avoir reçu ce signalement sur sa plateforme dédiée et que le conseil de discipline du rugby français a été saisi.

«Dans le dossier que j’apporte à la Fédération, il y a six témoignages [de joueuses], mais il faut savoir qu’il y a des filles qui n’ont pas osé témoigner, par peur que ça entache leur carrière rugbystique», souligne Laura, affirmant que le dirigeant menaçait les joueuses de «pourrir» leurs carrières si elles quittaient le club

Un soutien de la direction «inexistant»

Ces témoignages font état d’insultes homophobes, dénigrant la sexualité des joueuses. Une enquête interne est menée mais début janvier, il est décidé, selon Mediapart, que les propos homophobes et sexistes ainsi que le harcèlement ne «sont pas retenus» contre le directeur sportif, qui aurait écopé d’un blâme.

Une des joueuses, Laurane, qui évolue en première ligne depuis trois saisons, évoque pourtant auprès de l’AFP «des prises de parole très agressives» et se souvient d’une séance vidéo particulièrement dure : «Il a passé cinq minutes à me crier dessus devant tout le monde, dire que j’étais au rugby pour draguer les arbitres, pour avoir leur numéro», affirme-t-elle.

Laura questionne également le rôle de la structure professionnelle dirigée par l’ancien international Thomas Lombard, avec qui elle a eu rendez-vous, mais dont elle juge le soutien «inexistant». Contacté, le Stade français n’avait pas répondu aux sollicitations de l’AFP vendredi après-midi.