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Transidentité et religion : «On est considérées comme des hérétiques»

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Au carrefour d’attaques transphobes et de crispations religieuses, les personnes trans et croyantes réinventent leur pratique spirituelle en marge des institutions.

Yaël, 48 ans, est une femme juive et trans. (Cha Gonzalez/Libération)
Par
Léna Lebouteiller
Publié le 25/05/2025 à 16h43

Dans son appartement du nord parisien, Yaël, 48 ans, s’amuse d’une «blague du divin» et s’imagine ce qu’elle a bien pu faire dans une autre vie pour être à la fois «juive, berbéro-marocaine et meuf trans». Cadette d’une grande famille juive orthodoxe qui l’élève comme un garçon, ainsi que l’indiquent ses papiers d’identité, elle a grandi tenue de se conformer aux obligations réservées aux hommes – les mitsvot dans la Torah. A cette époque, dans les années 80, les représentations trans sont rares sinon caricaturales, à l’instar du personnage de Katia incarné par Christian Clavier dans le Père Noël est une ordure. «Une scène que j‘ai en boucle dans la tête à l’époque de mon coming out, remet Yaël. C’est violent.» Elle retrouve cette «transphobie larvée» quand ses frères prennent leur distance à l’annonce de sa transition, en 2021.

Une époque qui est aussi celle d’une visibilisation de la communauté trans, laquelle devient en retour l’objet d’une panique morale. Notamment aux Etats-Unis, où Donald Trump est à la manœuvre, depuis le début de son second mandat, d’une offensive transphobe contre une supposée «théorie du genre». D’après l‘organisation indépendante Trans Legislation Tracker, 905 lois anti-trans ont été proposées en 2025, dont 100 ont été adoptées dans 23 Etats américains. Dernière en date :