Menu
Libération
Féminisme

Violences faites aux femmes : un #MeToo tardif en Guyane

Article réservé aux abonnés
LGBT +dossier
Le rapport annuel du ministère de l’Intérieur place à nouveau la Guyane au premier rang du classement des violences sexuelles et sexistes. Malgré les obstacles, le tissu associatif se développe.
En août à Maripasoula, dans le sud de la Guyane. (Thibaud Vaerman/Hans Lucas)
par Emile Boutelier, correspondance à Cayenne
publié le 8 janvier 2023 à 10h22

Sous le ciel rougeoyant de la place des Palmistes à Cayenne, la centaine de manifestantes féministes qui défilent le 25 novembre 2022 pour la journée internationale des violences faites aux femmes semble bien maigre face à l’ampleur du phénomène qu’elles dénoncent. Selon le rapport annuel du ministère de l’Intérieur, la Guyane est le département où le nombre de violences conjugales est le plus élevé de France, devant la Seine-Saint-Denis et le Nord. Pour 2021, près de 13 femmes pour 1 000 habitantes de 15 à 64 ans y ont été enregistrées par la police comme victimes de violences conjugales. Soit cinq points de plus que la moyenne nationale.

«Il y a plus de mille procédures par an pour violences conjugales en 2021, soit trois par jour, s’alarme Audrey Buguellou, en charge des violences faites aux femmes à l’Arbre fromager, une des rares associations dédiées aux femmes sur le territoire. Et c’est vrai que l’on a encore du mal à toucher la population guyanaise sur ces questions, au-delà des victimes elles-mêmes ou de leurs proches.»

«Idéologie de femmes blanches»

Malgré la prégnance de ces violences, les associations féministes importées de métropole, comme le collectif #NousToutes, dont l’antenne a été créée à Cayenne en 2019, sont essentiellement peuplées de «métropolitaines». «On doit avoir 5 à 10 % de locaux, grand maximum», déplore Romane, la présidente de Kaz Avenir, association qui milite pour les droits des personnes LGBT + à Cayenne.

«Les femmes ne peuvent pas s’identifier à un mouvement spécifiquement féministe quand elles n’ont pas les papiers, pas d’eau, d’électricité ou de toit.»

—  Mylène Danglades, sociologue à l’université de Guyane

Cette faiblesse du militantisme local semble avoi