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Reportage

«Si je n’ai pas de futur, je suis qui?»: à Bobigny, les exilés forcés à l’invisibilité

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Migrants, réfugiés... face à l'exodedossier
Une trentaine d’Afghans, remis à la rue après une précédente évacuation mi-mai à Pantin, ont trouvé refuge dans le parc départemental de la Bergère, en Seine-Saint-Denis. Un cycle délétère qui les laisse sans prise sur leur avenir.
Zakir, 20 ans, et Ezmarai, deux migrants afghans, dorment depuis plusieurs jours dans le parc départemental de la Bergère, à Bobigny. (Denis Allard/Libération)
publié le 31 mai 2022 à 7h00

Zakir a déployé une petite tente bleue dans un coin du parc départemental de la Bergère, à Bobigny (Seine-Saint-Denis). A l’abri des regards des promeneurs et des agents de sécurité. Ils sont une centaine d’Afghans, comme lui, à avoir été expulsés par la préfecture d’un précédent campement à Pantin à la mi-mai pour des raisons sanitaires : plusieurs personnes étaient atteintes de la gale. Malgré les promesses de mise à l’abri, une trentaine d’exilés ont été remis à la rue quelques heures seulement après l’évacuation. Ils ont erré quelques jours en bordure de Paris avant de s’installer là, à Bobigny, à quelques kilomètres de la capitale. Sollicitée par Libération, la préfecture n’avait pas donné suite à nos demandes lundi.

Dans l’ancien camp, à Pantin, où on a rencontré Zakir, 20 ans, il y a un mois, il rangeait ses affaires sous une petite toile. Dans un sac à dos, il conservait précieusement son équipement de foot : un short, un maillot et une paire de chaussures. Il avait espoir de trouver une équipe pour tuer le temps. Là-bas, les conditions de vie étaient précaires mais ils étaient bien entourés. Des associations leur rendaient régulièrement visite et la mairie avait fait installer des toilettes. Ils bénéficiaient aussi de l’eau courante et pouvaient prendre une douche dans le local d’une asso voisine. C’était le ramadan : tous les soirs, des musulmans passaient déposer de copieux plats.

«Pourquoi j’irais ailleurs ?»

Quand on retrouve Zakir à Bobigny lundi, toutes ses affaires tiennent dans une