Ce lundi matin, quand l’avion du Premier ministre atterrira à l’aéroport de Dzaoudzi, il fera à peine jour. Et la barge de transport de passagers qui relie Grande-Terre à Petite-Terre, où se trouve l’aéroport, ne sera pas encore en service. Si François Bayrou avait souhaité arriver sur la pointe des pieds, il ne s’y serait pas pris autrement. Le report de vingt-quatre heures de son séjour, raboté d’autant – la délégation sera à la Réunion dès mardi –, a aussi fait grincer localement.
Deux semaines après le passage du cyclone Chido, dont le bilan humain reste toujours incertain, avec 39 morts officiellement recensés, l’archipel reste en proie à de grosses difficultés et les attentes vis-à-vis de l’Etat sont très fortes. Et c’est peu dire que la venue du Premier ministre est vécue avec scepticisme. En attendant la barge pour rentrer sur Grande-Terre, Aïssatou ne se fait guère d’illusion. «Depuis quinze jours, je trouve que l’Etat n’est pas à la hauteur de la catastrophe. Ma famille habite le Nord et jusqu’à aujourd’hui, ils n’ont reçu aucune aide.» Samir, qui partage une banquette dans ce qui reste de la gare maritime abonde : «On a dû se débrouiller tout seuls avec les gens de mon quartier à Mamoudzou pour nettoyer la rue et réparer comme on le pouvait nos toitures