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Reportage

«Si on attend l’aide de l’Etat, on dormira dehors longtemps» : à Mayotte, les Mahorais entre espoir et scepticisme avant le déplacement ministériel

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Cyclone Chidodossier
Alors que François Bayrou et plusieurs ministres sont attendus ce lundi 30 décembre dans l’archipel dévasté, quinze jours après le passage du cyclone Chido, les habitants espèrent des réponses concrètes. Les dossiers à traiter s’accumulent.
Le 26 décembre 2024. La maison de cette petite fille, dans le quartier des Badamiers à Labattoir (Petite-Terre), est totalement détruite. (David Lemor/Libération)
par Laurent Bouvier, envoyé spécial à Mayotte
publié le 29 décembre 2024 à 19h43

Ce lundi matin, quand l’avion du Premier ministre atterrira à l’aéroport de Dzaoudzi, il fera à peine jour. Et la barge de transport de passagers qui relie Grande-Terre à Petite-Terre, où se trouve l’aéroport, ne sera pas encore en service. Si François Bayrou avait souhaité arriver sur la pointe des pieds, il ne s’y serait pas pris autrement. Le report de vingt-quatre heures de son séjour, raboté d’autant – la délégation sera à la Réunion dès mardi –, a aussi fait grincer localement.

Deux semaines après le passage du cyclone Chido, dont le bilan humain reste toujours incertain, avec 39 morts officiellement recensés, l’archipel reste en proie à de grosses difficultés et les attentes vis-à-vis de l’Etat sont très fortes. Et c’est peu dire que la venue du Premier ministre est vécue avec scepticisme. En attendant la barge pour rentrer sur Grande-Terre, Aïssatou ne se fait guère d’illusion. «Depuis quinze jours, je trouve que l’Etat n’est pas à la hauteur de la catastrophe. Ma famille habite le Nord et jusqu’à aujourd’hui, ils n’ont reçu aucune aide.» Samir, qui partage une banquette dans ce qui reste de la gare maritime abonde : «On a dû se débrouiller tout seuls avec les gens de mon quartier à Mamoudzou pour nettoyer la rue et réparer comme on le pouvait nos toitures