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Reportage

Soins palliatifs : en Haute-Garonne, l’hospitalisation à domicile est «un projet de fin de vie, pas de mort»

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Fin de viedossier
Etablie à Toulouse, l’association Santé Relais Domicile permet à des malades incurables de rentrer chez eux. Un retour au foyer souvent source de réconfort malgré une logistique envahissante.
Alfred, 95 ans, hospitalisé chez lui à Léguevin (Haute-Garonne), est visité par infirmière de l'association Santé Relais Domicile. (Ulrich Lebeuf/MYOP pour Libération)
publié le 11 mai 2025 à 17h52

«Il fait 25°C dehors, vous n’avez pas chaud ?» L‘infirmière relève doucement les manches longues du vieil homme alité dans une semi-pénombre, indifférent aux premiers effluves du printemps occitan. Depuis quelque temps, Alfred, 95 ans, ne quitte plus le lit médicalisé installé dans sa chambre par l‘association Santé Relais Domicile, au rez-de-chaussée de la grande bâtisse que son frère et lui ont construite sur les rares loisirs que leur laissait la ferme. «Je suis frileux», ahane le paysan, traits figés.

En physionomiste accomplie, Myriam Soula pousse son questionnement. «Vous vous sentez comment ?» Alfred souffle comme on rend les armes : «Je vais mal. Je fais des cauchemars.» Rongée par l‘inquiétude, son épouse Bruna, 90 ans, précise : «Quand il s’est réveillé, il croyait que la maison était écroulée. Il n’est plus trop à lui. Les diarrhées le fatiguent.» D’une voix poussée dans les aigus par l‘effort, son époux la reprend, comme pour marquer sa volonté ultime : «Dormir, ça fait du bien. Je préfère être chez moi. J’ai les habitudes de tout.»

Opéré d’un cancer du côlon en 2022, Alfred avait failli ne jamais revenir sur ses terres de Léguevin. «Quand il est sorti de la clinique après quatre semaines, ils lui donnaient quinze jours à vivre, tremble encore sa compagne. Une infirmière pète-sec voulait l‘envoyer en centre de réadaptation. Elle a dit que je ne m’en sortirais pas avec l‘hospitalisation à domicile.» Campée sur