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Interview

Soumission chimique : «Parmi ceux qui ont violé ma mère, une trentaine ont encore une vie normale»

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Violences sexuellesdossier
A partir du 2 septembre à Avignon, 51 hommes seront jugés pour une série de viols d’une femme, sous soumission chimique, orchestrés et filmés par son mari. La fille de la victime, Caroline Darian, raconte son combat contre ce mode opératoire et partage son état d’esprit avant le procès.
Caroline Darian, à Puteaux, le 12 juillet 2023. (Ava du Parc/Libération)
publié le 12 juillet 2024 à 20h26

Le 2 septembre s’ouvre au palais de justice d’Avignon un procès hors normes : celui des viols de Mazan. Le procès d’une affaire vertigineuse par son ampleur, sa durée, le machiavélisme du mode opératoire et le nombre de mis en cause. Tout a commencé en 2020, lorsque Dominique P. est interpellé par les vigiles du Leclerc de Carpentras, dans le Vaucluse : le retraité filmait sous les jupes des femmes. L’enquête préliminaire permet de retrouver des vidéos sur son ordinateur et des échanges sur le site Coco.gg, récemment fermé, dévoilant près de dix ans de viols de son épouse par une multitude d’hommes, alors qu’elle était inconsciente. Entre 2011 et 2020, 92 viols sont répertoriés. L’homme avait créé un chat sur le site, appelé «A son insu», où il recrutait les hommes. Droguée au Temesta, endormie profondément dans une pièce surchauffée pour ne pas être réveillée, elle était violée des heures durant. L’enquête a permis d’identifier 83 hommes, 51 seront finalement mis en cause et jugés devant la cour criminelle départementale du Vaucluse, entre le 2 septembre et le 30 décembre – dont Dominique P.

Caroline Darian est la fille de la victime. Elle est aussi la fille de celui qu’elle appelle désormais son «géniteur», «un bourreau et un prédateur sexuel».