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Discriminations

Stanislas : une ancienne lycéenne porte plainte face au rapport d’inspection «édulcoré»

Une élève exclue en 2022 a déposé plainte vendredi 2 mai pour faux en écriture publique par une personne chargée de mission de service. La direction de l’emblématique établissement privé dément toute modification du document.
Le collège Stanislas, le 25 octobre 2024. (Henrique Campos/Hans Lucas. AFP)
publié le 5 mai 2025 à 15h10

Une ancienne élève qui dénonçait une discrimination après son exclusion en juin 2022 de la prestigieuse école parisienne Stanislas a déposé plainte pour faux, visant les conclusions possiblement «édulcorées» du rapport d’inspection réalisé au sein de l’établissement privé parisien en 2023, a appris l’AFP ce lundi de source proche du dossier. L’établissement avait été placé sous le feu des projecteurs quand l’ancienne ministre de l’Education Amélie Oudéa-Castéra avait suscité un tollé en expliquant début 2024 y avoir scolarisé ses trois fils en raison des «heures pas sérieusement remplacées» dans le public.

Pauline (1), scolarisée entre 2013 et 2022 à Stanislas, avait déjà déposé une première plainte en juillet dernier, accusant trois anciens responsables de l’école – dont son ancien directeur – de l’avoir exclue pour avoir manifesté son opposition à de «nombreux propos homophobes, sexistes et racistes du personnel dirigeant de l’établissement».

Vendredi 2 mai, elle a déposé une nouvelle plainte contre X pour faux en écriture publique par une personne chargée de mission de service public, une infraction passible de quinze ans de réclusion criminelle. Un rapport de l’Inspection générale de l’éducation (IGESR) de juillet 2023, révélé par Mediapart et consulté par l’AFP, dévoilait de possibles «dérives» dans cet établissement.

L’IGESR a de son côté assuré n’avoir pas modifié le rapport d’inspection après sa validation collégiale, pour en retirer ou atténuer des accusations d’homophobie, de racisme ou de sexisme, dans une déclaration reçue lundi par l’AFP. «Le rapport transmis à l’autorité ministérielle correspond à la version validée par l’ensemble des inspecteurs généraux missionnés, à l’issue des relectures», a souligné le service.

Des dissimulations dans le rapport d’inspection

Le 29 avril, la présidente PS de la commission d’enquête parlementaire sur les violences dans les établissements scolaires, Fatiha Keloua Hachi, a annoncé qu’elle allait auditionner les quatre inspecteurs auteurs du rapport après avoir notamment reçu le courrier d’une inspectrice, aujourd’hui à la retraite, évoquant un rapport «plutôt édulcoré» dans ses conclusions «par rapport aux témoignages recueillis lors de cette inspection, et notamment autour de l’homophobie dans l’établissement».

Mediapart a assuré qu’aurait été ajoutée au courrier de mission conclusif, résumant le rapport et divulgué début 2024 dans les médias, une mention à décharge pour l’établissement : «Au terme de la mission, l’équipe ne confirme pas les faits d’homophobie, de sexisme et d’autoritarisme mis en avant» par la presse dès l’été 2022.

D’après le Monde, une deuxième inspectrice, elle aussi à la retraite, a également fait parvenir vendredi une lettre comparable aux députés. La commission d’enquête a confirmé à l’AFP avoir reçu ce nouveau courrier.

Selon la nouvelle plainte de Pauline déposée vendredi, ces «conclusions modifiées» ont «remis en cause sa parole» et ont «a minima ralenti la manifestation de la vérité» sur les faits dénoncés dans sa plainte. «Ces faits sont de nature à sérieusement affecter la crédibilité des conclusions du rapport s’agissant d’agissements graves. Ils accréditent un traitement administratif complaisant envers l’établissement au prix du camouflage des résultats», d’après l’avocat de Pauline, Me Vincent Brengarth.

Deux associations avaient déjà annoncé en janvier 2024 avoir déposé une première plainte pour discrimination homophobe contre l’établissement privé au sujet du cas de Pauline, qui fait par ailleurs déjà l’objet d’une enquête sur des propos à caractère homophobe et sexiste d’un ex-intervenant bénévole, après un signalement de l’IGESR.

(1) Le prénom a été modifié.