C’est une plongée aussi rare que finement documentée. Pendant près de quatre ans, une équipe de quatre chercheurs suisses (deux docteurs en anthropologie, un docteur en sociologie et une docteure ès lettres) ont étudié l’assistance au suicide, possible dans le pays, y compris pour des étrangers. La pratique, écrivent-ils, «semble déjà faire partie du paysage culturel et social helvétique». Selon les dernières données de l’Office fédéral de la statistique, en 2020, le pays a recensé 1 251 suicides assistés, contre 1 196 en 2019, soit une hausse de 4,6%. Au total, ce type de mort représenterait entre 1% et 2% du nombre total de décès. Ces vingt dernières années, leur nombre a connu une augmentation constante : en 1998, date des premières statistiques fédérales sur le sujet, on comptait moins d’une cinquantaine de cas d’assistance au suicide. Qui sont celles et ceux qui y ont recours ? Pourquoi ? Comment se déroule le processus ? Que se passe-t-il après ?
Pour répondre à toutes ces questions, les chercheurs ont suivi quinze situations d’assistance au suicide (dont sept menées à terme, auxquelles ils ont assisté) et interrogé plus de 200 pers