Bruno Retailleau espérait une nouvelle loi immigration. Que nenni. Mais le ministre de l’Intérieur le savait bien avant la prise de parole de François Bayrou, un nouveau texte risquerait de fracturer le Palais-Bourbon, qui tient déjà à un fil. Lors de sa déclaration de politique générale ce mardi 14 janvier à l’Assemblée nationale, le Premier ministre a tout de même fait une annonce : la réactivation du comité interministériel de contrôle de l’immigration, comme en 2019 sous Edouard Philippe. Dans les semaines à venir, il compte sur «l’action de tous les ministères, des propositions des parlementaires pour fixer les orientations de la politique gouvernementale en matière de contrôle des flux migratoires». Sur le dossier brûlant du droit du sol à Mayotte, François Bayrou dit vouloir «pas de tabou».
Le Premier ministre parle de «proportion» lorsqu’il évoque la «question brûlante» de l’immigration. Comprendre : une famille étrangère qui s’installe dans un village, c’est bien, mais plusieurs familles étrangères qui s’installent dans le même village, c’est trop. «Le désir, après tout respectable, de se sentir chez soi est mis à mal, dit-il, affirmant conduire une politique de contrôle et de régulation» de l’immigration. «Tout cela est humblement humain. Et affaire de bon sens, que je revendique. Les bidonvilles et la misère qui y est recluse provoquent le même rejet partout.»
François Bayrou pose des questions au sujet des expulsions. Comment faire lorsque 93 % des obligations de quitter le territoire (les fameuses OQTF) ne sont pas exécutées ? Rappelons que la France est championne d’Europe des OQTF délivrées. Entre 2019 et 2022, par exemple, les préfets en ont prononcé 447 257, notamment en outre-mer. Comment faire lorsque des pays refusent d’accueillir leurs ressortissants ? Des interrogations en l’air pour le moment.