Politiques frictions
Jusqu’à la veille du premier tour des élections législatives, «Libération» sillonne des lieux de la vie quotidienne pour saisir et raconter ces moments de discussion impromptue où, soudain, la politique fait irruption.
Edmond s’affaire, un filin en métal à la main. «On n’est pas en sûreté dans notre quotidien, et puis la vie est drôlement chère», soupire-t-il, penché sur son bricolage. Chemise bleue assortie à ses yeux, il fait le tour des planches qui encerclent l’arbre et servent de vestiaire aux boulistes. Les habitués ont planté des crochets et y suspendent leur étui, leur veste ou leur sacoche. Sur le bois, certains ont même inscrit au marqueur leur prénom, comme à l’école ou à l’usine. Ce qu’Edmond est en train d’installer, c’est un antivol. Il passe le fil de fer dans les lanières, l’entortille et le verrouille avec un petit cadenas. Une fois, il s’est fait voler son «sac complet» alors qu’il avait le dos tourné : «Mon thermos d’eau fraîche, mes boules restantes et surtout mes papiers et mes lunettes de vue…» Plusieurs centaines d’euros envolés pour l’octogénaire, ancien coursier dans une entreprise de textile, dont la complémentaire santé n’est «pas folle». Il est l’un des piliers de la vingtaine de retraités qui, chaque après-midi, se retrouvent sur la terre battue de la place Ambroise-Courtois pour jouer à la pétanque.
C’est le cœur du quartier résidentiel de Montplaisir, dans le VIIIe arrondissement de Lyon. La circonscription qui l’englobe a été attribuée par le Nouveau Front populaire