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Prisons

Surpopulation carcérale : des avocats demandent à Éric Dupond-Moretti d’en finir avec une situation «intenable»

Déjà épinglée à plusieurs reprises pour ses conditions de détention, la France bat depuis six mois des records historiques de surpopulation dans ses prisons. Ce lundi 8 avril, plusieurs barreaux demandent au ministre de la Justice d’agir.
La maison d'arrêt de Fleury-Merogis dans l'Essonne, le 31 décembre 2023. (Cyril Zannettacci/Vu pour Libération)
publié le 8 avril 2024 à 18h52

Profiter des JO pour «mettre un terme définitif» à la situation «intenable» de la surpopulation dans les prisons françaises. Dans une lettre commune envoyée ce lundi 8 avril au ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, les avocats de plusieurs barreaux demandent un meilleur traitement des prisonniers français entassés depuis des années dans des cellules sous-dimensionnées.

«Au-delà d’une promiscuité révoltante, la surpopulation carcérale dégrade les conditions d’hébergement, limite l’accès au travail, à la formation […] porte atteinte aux conditions de travail du personnel pénitentiaire», «il en résulte des conditions de détention parfaitement indignes», écrivent dans cette lettre ouverte les barreaux des Hauts-de-Seine, de Seine-Saint-Denis, du Val-d’Oise, de Meaux, de Fontainebleau, de Chartres, d’Auxerre et de Melun.

La France, épinglée à plusieurs reprises pour ses conditions de détention, bat depuis six mois de nouveaux records historiques de surpopulation carcérale. Au 1er mars, 76 766 personnes étaient incarcérées pour 61 629 places, soit un taux d’occupation globale de 124,6 %, qui monte à près de 150 % dans les maisons d’arrêt où sont emprisonnées les personnes en attente de jugement ou condamnées à de courtes peines.

Des opérations «place nette» qui inquiètent

A l’approche des JO (26 juillet-11 août), la tendance est plutôt à la fermeté, notamment avec les opérations antidrogue dites «place nette» qui accentuent «encore la surpopulation carcérale», estiment les avocats : «Dans le même temps, aucune solution ne semble être envisagée par votre ministère pour remédier à cette situation.»

Avec le Covid et le confinement du printemps 2020, rappellent les avocats, le gouvernement avait pris des mesures permettant de réduire drastiquement le nombre de détenus en prison, «sans mettre en péril la sécurité de nos concitoyens». Pour la première fois en vingt ans, le taux d’occupation des prisons était alors passé sous la barre des 100 %… avant de remonter rapidement. «La France a raté cette occasion de mettre un terme à une surpopulation carcérale chronique», regrettent les avocats. «La perspective des Jeux s’annonce comme une épreuve de rattrapage» pour «mettre un terme définitif à cette situation intenable».

«En prenant des mesures afin de libérer de façon anticipée les détenus en fin de peine, et en interdisant par la suite qu’une personne soit incarcérée au-delà des capacités réelles de l’établissement d’accueil, la France pourrait envisager de cesser d’avoir honte de ses prisons, propose la lettre ouverte. A défaut, il est de notre devoir d’avocats de vous alerter sur les risques afférents à cette surpopulation inédite, en termes de suicides, de violences, voire de mutinerie généralisée, risques aggravés par l’éventualité d’une canicule au cœur de l’été olympique.»