Le record aura tenu un mois. Selon les chiffres dévoilés ce vendredi 29 mars par le ministère de la Justice, il y avait en France au 1er mars pas moins de 76 766 personnes incarcérées. Soit 500 de plus qu’au 1er février, et 4 415 de plus que l’année dernière. C’est le nombre de détenus le plus élevé jamais enregistré, selon les statistiques de l’administration pénitentiaire.
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En un an, la population carcérale a augmenté de 6,1 %. Au 1er mars, les prisons françaises comptaient seulement 61 629 places opérationnelles. Cette hausse entraîne une très forte augmentation de personnes contraintes de dormir sur un matelas au sol faute de place. Au 1er mars, ils étaient ainsi 3 099 détenus à dormir au ras du sol contre 2 026 il y a un an.
La densité carcérale globale s’établit à 124,6 % mais dans les maisons d’arrêt, où sont incarcérés les détenus en attente de jugement, et donc présumés innocents, et ceux condamnés à de courtes peines, elle atteint 148,7 %. Elle atteint ou dépasse même les 200 % dans douze établissements ou quartiers. Parmi les personnes incarcérées, 20 220 sont des prévenus, incarcérés dans l’attente de leur jugement. Au total, 93 708 personnes étaient placées sous écrou au 1er mars. Parmi elles, on compte 16 942 personnes non détenues faisant l’objet d’un placement sous bracelet électronique ou d’un placement à l’extérieur.
Le Conseil de l’Europe inquiet
Face à cette surpopulation carcérale chronique, le Conseil de l’Europe a exprimé à la mi-mars sa «profonde préoccupation». Les autorités françaises ont pris des mesures pour tenter de remédier au problème : interdiction des peines de prison de moins d’un mois, aménagement des peines, détention à domicile sous surveillance électronique ou développement du travail d’intérêt général par exemple. Mais celles-ci s’avèrent insuffisantes.
Le Conseil de l’Europe a notamment invité les autorités françaises à «examiner sérieusement et rapidement l’idée d’introduire un mécanisme national contraignant de régulation carcérale». Le gouvernement table toujours sur la construction de 15 000 nouvelles places de prison d’ici à 2027.