«Je suis à fond dans mon rôle, cela va être vraiment clean.» Tee-shirt blanc et short anthracite, Ryo, 19 ans, endosse pour la première fois la fonction de testeur pour SOS Racisme. L’association n’a pas choisi le lieu au hasard : cette plage privée de l’Escale Borély, à Marseille, a déjà refusé l’été dernier de louer ses transats à des personnes noires. Une plainte pour discrimination raciale est en cours d’instruction. Il s’agissait du premier établissement ciblé par l’opération estivale de testing organisée samedi 22 juillet à Marseille par l’association, une campagne menée le même jour dans des lieux de vacances de douze autres villes de l’Hexagone. A Marseille, une douzaine de militants, dont plusieurs descendus spécialement de Paris, écoutent le dernier brief avant le départ.
Du dress code, sobre et élégant, au modus operandi, tout est calibré. «On est très générique dans la façon de se présenter aux établissements, rappelle Florian Ribar, responsable du développement des antennes locales de SOS Racisme. C’est “bonjour, on aimerait avoir deux transats”. On ne dit rien de plus, rien de moins, on essaie pas de blaguer, de discuter.» Et le tout est enregistré en vidéo via le téléphone portable. «Il faut réfléchir au moment où on sera en procès, poursuit-il. On est obligés d’être irréprochables. Il a fallu nous battre pour que le testing soit accepté comme mode de preuve légitime [le procédé a été légalisé en 2006, ndlr].