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TikTok : du contenu pornographique mis en avant pour les utilisateurs, notamment mineurs

Une enquête de l’ONG Global Witness révèle que l’algorithme de la plateforme oriente les utilisateurs de tous âges vers du contenu sexuellement explicite. Ce genre de vidéos seraient proposées au bout de «quelques clics» sur l’application.

Une adolescente sur son compte Tiktok. (Robin Utrecht/ANP. AFP)
Publié le 08/10/2025 à 13h05

Une nouvelle mise en garde contre TikTok et ses effets néfastes. Des mots-clefs explicites sont proposés par la plateforme à des mineurs, qui sont ensuite orientés vers du contenu pornographique : voilà ce que révèle l’enquête de l’ONG britannique Global Witness, publiée le 3 octobre et relayée par France Inter ce mercredi. L’association pointe du doigt de nombreuses formes de vidéos sexuellement explicites qui apparaissent dans les suggestions des utilisateurs, allant de strip-teases de femmes à des rapports sexuels avec pénétration.

Pour réaliser son enquête, l’ONG a créé sept faux comptes TikTok sur des téléphones complètement réinitialisés, sans historique de recherche, en se faisant passer pour des adolescents de treize ans. Résultat : «Dans les sept cas, nous avons été confrontés à des contenus porno en quelques clics», explique Lars Sellien, membre de Global Witness, au micro de France Inter. Dans l’un des cas, il aura suffi de «deux clics». Et ce alors que le «mode restreint» de l’application, censé limiter l’exposition de certains utilisateurs, notamment mineurs, à certains types de contenus explicites, était activé.

«Contenus toxiques, dangereux, addictifs»

Ce n’est pas la première fois que la politique de modération de la plateforme aux 200 millions d’abonnés en Europe et 25 millions d’utilisateurs mensuels en France se retrouve au cœur des débats. En mars 2024, la Commission européenne avait ouvert une enquête qui visait le réseau social pour des manquements présumés en matière de protection des mineurs. En France, le rapport d’une commission d’enquête parlementaire lancée en mars s’alertait déjà des «contenus toxiques, dangereux, addictifs» auxquels sont exposés les plus jeunes sur la plateforme «en toute connaissance de cause». En réaction, le président de la commission avait annoncé saisir la justice pour «mise en danger» des utilisateurs.

Mais pour Lars Sellien, la question dépasse le simple problème de modération sur la plateforme : «Le problème, ce n’est pas qu’on puisse accéder à des vidéos porno. C’est impossible de faire complètement le ménage sur un réseau social.» En revanche, il estime que le problème de TikTok est de «vous recommander de regarder des contenus hautement pornographiques dès vos premiers pas sur la plateforme». En particulier quand environ 70 % de ses utilisateurs ont moins de 24 ans en France.

Sollicitée par France Inter, TikTok a annoncé le lancement d’une enquête interne et avoir retiré les contenus pointés du doigt par Global Witness. Lors d’une précédente enquête, en janvier 2025, l’ONG avait déjà remarqué l’orientation des utilisateurs vers du contenu sexuellement explicite, et en avait alerté le réseau social. Elle a pourtant décidé de reprendre une enquête plus approfondie après avoir constaté que des termes de recherche similaires continuaient d’être proposés malgré le signalement du problème.