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Justice

TikTok : une enquête ouverte en France contre l’appli accusée de pousser les plus «vulnérables vers le suicide»

Les investigations portent notamment sur le fonctionnement de l’algorithme de la plateforme et la mise en avant de «produits, objets ou méthodes préconisés comme moyens de se donner la mort», affirme le parquet de Paris ce mardi 4 novembre.

(Robin Utrecht/ANP. AFP)
Publié aujourd'hui à 18h02, mis à jour le 04/11/2025 à 21h07

L’algorithme du réseau social le plus plébiscité chez les mineurs encouragerait-il au suicide ? Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire à l’encontre de TikTok, dénonçant la «facilité d’accès» des mineurs à des publications «susceptibles de pousser» les plus «vulnérables vers le suicide», du fait de l’algorithme du réseau social chinois, a annoncé la procureure de Paris, Laure Beccuau, dans un communiqué publié ce mardi 4 novembre.

Les investigations portent sur plusieurs infractions. Il y a en particulier dans le collimateur des enquêteurs la «propagande en faveur de produit, objet ou méthode préconisés comme moyens de se donner la mort», délit faisant encourir la peine de trois ans d’emprisonnement et une amende de 45 000 euros, selon la magistrate.

L’enquête, confiée à la Brigade de lutte contre la cybercriminalité de la préfecture de police de Paris, porte aussi sur «les infractions de fourniture de plateforme en ligne pour permettre une transaction illicite en bande organisée» et «altération du fonctionnement d’un système de traitement automatisé de données en bande organisée». Les peines de ces délits vont jusqu’à dix ans d’emprisonnement et 1 million d’euros d’amendes.

Si la société TikTok n’incite pas directement au suicide, elle n’en reste pas moins obligée légalement de notifier «des soupçons d’infractions commises par son intermédiaire», rappelle le parquet.

«Nous réfutons fermement les accusations», a répliqué TikTok dans un communiqué, en assurant proposer «plus de 50 fonctionnalités et paramètres prédéfinis spécialement conçus pour assurer la sécurité et le bien-être des adolescents».

«Piège algorithmique»

L’annonce fait suite au signalement du député socialiste Arthur Delaporte en septembre, lors de la commission d’enquête parlementaire sur les effets psychologiques du réseau social plébiscité par les jeunes, ex aequo avec Snapchat. Cette commission préconisait d’interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans, ainsi que l’établissement d’un «couvre-feu numérique» pour les 15-18 ans pour tenter d’endiguer un «piège algorithmique» dangereux pour les plus jeunes.

En se plongeant dans cette application ultrapopulaire chez les jeunes, la commission d’enquête parlementaire avait également constaté «un océan de contenus néfastes», mêlant des vidéos de «promotion du suicide, d’automutilation» et «une exposition à la violence sous toutes ses formes», dopés par les programmes de recommandations puissants qui enferment les jeunes dans des bulles nocives.

La section de lutte contre la cybercriminalité du parquet de Paris s’est aussi appuyée sur des rapports du Sénat, d’Amnisty International et de Viginum, annonçant travailler avec l’Arcom et Viginum sur cette pré-enquête.

Mise à jour à 21 h 07 avec la réaction de TikTok