A Lille, ce ne sont même plus les titres de séjour qui sont délivrés en retard, mais les récépissés de dépôt de demande. Des dizaines d’étrangers se retrouvent avec des documents périmés, et donc en situation irrégulière. Les conséquences sont dramatiques : licenciements, pertes des droits sociaux, les gens se retrouvent sans revenus. La Ligue des droits de l’homme et la Cimade, association d’aide aux migrants, tirent la sonnette d’alarme depuis janvier, effarés de l’afflux dans leurs permanences. «Dans la boîte aux lettres de la Cimade, le lundi matin, on a 150 mails contre une vingtaine en temps normal. On fait de l’abattage sur des retards de la préfecture», raconte un bénévole.
Dans les archives
Dans le petit bureau lillois de la Cimade, en ce jeudi de mai, Henri (1) a l’air de ne plus trop savoir où il en est. Plus sonné qu’affolé. A la main, un courrier de son entreprise de nettoyage, où il est en CDI depuis 2018, qui lui signifie son licenciement la semaine suivante. Par la faute des services de l’Etat, incapables de lui fournir à temps la preuve de sa présence légale en France. Henri, de nationalité congolaise, est titulaire d’une carte de séjour pluriannuelle, renouvelable tous les deux ans, depuis son entrée en France en 1996. Ce qui ne lui pose d’habitude aucun problème. Il a déposé son dossier au moins deux mois avant la fin de validité de son titre, en janvier 2022, comme il se doit. En retour, il a reçu un récépissé : accompagné du titre de séjour expiré, il permet de trav