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Libération
Reportage

Tourisme en montagne : «Nous sommes face à une vraie incertitude»

La pandémie de Covid-19 en Francedossier
A Chamonix, les saisonniers subissent une fréquentation en recul par rapport à 2020 et craignent des répercussions pour leur modèle économique.
A Chamonix, le 10 juillet. (Olivier Chassignole/AFP)
par François Carrel, Envoyé spécial à Chamonix
publié le 20 juillet 2021 à 16h04

Casquettes, lunettes de soleil et masques anti-Covid, ils sont plus d’une centaine à patienter sous un soleil éclatant enfin retrouvé, devant la gare du Montenvers, pour prendre le train qui les montera jusqu’au belvédère sur la Mer de glace. «Notre première vraie journée, la plus belle de l’été jusqu’ici. Nous allons avoir 3 000 passagers et enfin faire tourner tous nos trains. Jusque-là ça a été compliqué, on reste très loin des standards de juillet», soupire Eric Dunand, chef d’exploitation.

Antoine Burnet, directeur marketing de la Compagnie du Mont-Blanc qui exploite toutes les remontées de la vallée, dont le célèbre téléphérique de l’aiguille du Midi, détaille : «Sur juin à mi-juillet, nous avons une fréquentation en recul par rapport à la relance de l’an dernier. La clientèle de groupes, internationale et nationale, n’est pas là. Si les individuels sont au rendez-vous, ils sont néanmoins moins nombreux, avec un phénomène météo défavorable qui n’a rien arrangé. Et pour la suite, nous avons un risque de voir les non-vaccinés renoncer à leur visite…», le pass sanitaire devenant obligatoire dans de nombreux lieux à compter de ce mercredi puis de manière plus restrictive début août. Les remontées mécaniques ne sont cependant pas concernées cet été.

«La clientèle étrangère reste absente»

A l’hôtel trois étoiles de l’Arve, Emilie Poirot, la directrice, confirme : «Ce n’est pas un été classique, c’est plus calme et nous avons moins de réservations. Les étrangers en particulier annulent au fur et à mesure, nous accueillons bien moins de groupes venus pour le tour du Mont-Blanc par exemple.» L’hôtelière relativise : si son établissement n’est pas, comme d’ordinaire, complet à cette période, il est tout de même occupé au 4 /5e : «Nous n’avons pas à nous plaindre, nous travaillons correctement… Mais nous sommes face à une vraie incertitude.»

Début juillet, le taux d’occupation atteignait le niveau de l’an dernier, après de bons chiffres fin juin (près de 50% de taux d’occupation, détaille le directeur de l’Office du tourisme de la vallée de Chamonix, Nicolas Durochat, prudemment optimiste. «Pour l’instant les prévisions sur août sont prometteuses. La montagne reste une valeur refuge !» Il nuance cependant : «Nous sommes très loin d’un retour à la normale d’avant Covid, nous restons soucieux. L’effet Covid accentue encore les décisions de dernière minute, la clientèle étrangère reste absente, les visiteurs nationaux dépensent moins et font sans doute moins travailler les opérateurs sportifs de montagne… L’ensemble de notre modèle économique est déstabilisé.»