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Libération
Esclavage moderne

Traite et exploitation des êtres humains : plus de 7 000 victimes repérées en France en 2024, en majorité des femmes

Une enquête a été publiée ce jeudi sur la base de repérage de 44 associations qui ont pu prendre en charge deux tiers des victimes, orientées vers des solutions d’hébergement adaptées.

La silhouette d'une femme assise sur un lit, la tête dans les mains. (aire images/Getty Images)
Publié le 16/10/2025 à 12h15

Réseaux d’exploitation organisés, violences sexuelles et addictions forcées. L’enquête annuelle de la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (Miprof), publiée ce jeudi 16 octobre, révèle les chiffres glaçants de l’exploitation de 7 285 personnes en France en 2024.

Réalisée sur la base de repérages de 44 associations qui affirment avoir pris en charge les deux tiers des victimes qu’elles ont identifiées, l’enquête révèle que 89 % d’entre elles étaient des femmes. Parmi les violences imposées aux 4 823 victimes ainsi accompagnées par le réseau associatif l’année dernière, 86 % d’entre elles prennent la forme d’une exploitation sexuelle. Les autres victimes souffrent de diverses autres formes d’exploitation comme au travail, notamment domestique (11 %), à des fins d’activité criminelle (2 %), ou de mendicité forcée (1 %).

83 % des victimes d’exploitation sexuelle en situation de «polyaddictions»

Age, dépendances et addictions… Les résultats de l’enquête pointent du doigt l’état de vulnérabilité dans lequel se trouvent les victimes, qui permettent à leurs exploiteurs d’asseoir leur emprise. Pour près d’un tiers des victimes (31 %), ce dernier est un membre de leur famille - et pour quasi la moitié, leur conjoint. Plus d’une victime majeure sur deux (52 %) était par ailleurs mineure au moment où leur exploitation a commencé.

En dehors de la famille, plus globalement, les trois quart des victimes accompagnées ont été «exploitées dans le cadre d’un réseau», souligne l’enquête. De toutes tailles, ces réseaux de criminalité organisée organisent, à 72 %, le transfert vers la France de personnes qui veulent souvent fuir la détresse de leur situation d’origine. Le plus souvent, les victimes sont hébergées par leur exploiteur (66 %), voire chez lui (27 %).

L’occasion pour eux de contrôler leurs cibles, en leur fournissant des médicaments et des drogues «afin de les rendre dépendantes et de les désinhiber», indique l’enquête. Plus de huit victimes d’exploitation sexuelle sur dix (83 %) se retrouvaient ainsi, en 2024, en situation d’addiction et de dépendance. Des «polyconsommations et polyaddictions» aux «conséquences durables», selon le rapport, qui les décrit comme «une source d’inquiétude majeure pour les associations et les professionnels de santé». Un enjeu de santé et de sécurité à allier au défi de l’orientation des victimes «vers une solution d’hébergement adaptée», comme ont réussi à le faire les associations accompagnantes pour deux tiers des victimes cette année.