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Libération
Reportage

Un an après le séisme en Charente-Maritime, «ça paraît fou de ne pas savoir ce que vont devenir nos maisons»

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Les villages les plus touchés par le séisme portent toujours les stigmates des secousses qui ont endommagé 5 000 bâtiments dans le département. Après de longues négociations avec les assurances, des dizaines de familles attendent toujours le début des travaux dans leur logement.
A Cram-Chaban (Charente-Maritime), le 15 mars 2024. (Yohan Bonnet /AFP)
par Eva Fonteneau, Envoyée spéciale en Charente-Maritime
publié le 19 juin 2024 à 9h02

«Un bruit fracassant. Comme une explosion ou un avion qui s’écrase.» Les souvenirs de Maud sont toujours aussi vifs un an plus tard. Le 16 juin 2023, dans les rayons du supermarché où elle s’affaire à préparer l’anniversaire de son fils de 5 ans, le sol se met à trembler, les bouteilles s’entrechoquent et la lumière s’éteint. Au micro, une voix annonce l’évacuation du magasin. Mouvement de panique. Sur le parking, le mot «séisme» est sur toutes les lèvres. La boule au ventre, Maud roule jusqu’à Cram-Chaban, un hameau de 700 habitants, en Charente-Maritime, où ses parents gardent les enfants. «Ça a été un choc total, retrace l’aide-soignante. La télé était tombée au sol pendant que les petits regardaient un dessin animé. Il y avait des fissures partout, le placo s’écartait sur les murs. Même le pignon du toit s’était ouvert ! Heureusement, tout le monde allait bien.»

Ce soir-là, une faille, jusqu’ici inconnue, a rompu 5 km sous terre. Le village de Maud et les alentours ont été l’épicentre d’un violent séisme d’une magnitude de 5,3 sur l’échelle de Richter, ressenti jusqu’à Caen et Bordeaux. Une forte réplique suivra vers 4 heures du matin. «Ce n’est pas un territoire où on s’attend à ce genre d’évènement», concède Mickaël Bonnin, sismologue. Le scientifique, qui étudie le phénomène de très près avec ses collègues de Nantes Université, se veut néanmoins rassurant : «S’il est difficile d’établir leur origine, ces séismes restent heureusement rares